*Fernand Roig, président honoraire du SYDETOM66, ex-adjoint au maire de Perpignan, délégué à l’Environnement.

 

Les Pyrénées Orientales et le dérèglement climatique

Le dérèglement climatique et son corollaire, la sècheresse, ont crée un grand désarroi en terre catalane en cette année 2023. La préfecture avec à sa tête un préfet omniprésent, les Politiques de tous bords, les Chambres, notamment celle de l’Agriculture, les Institutions en général, ont réagi vivement et réfléchi au problème : comment économiser l’eau ?

Cette position faite de sacrifices, d’inquiétudes, permettra au département de passer le cap, difficilement certes, de l’été 2023. C’était nécessaire, obligatoire même. C’est un succès pour les responsables, mais maintenant il faut penser rapidement à l’avenir, car nous ne pouvons continuer longtemps, tous les étés, à voir des pelouses desséchées, des piscines vides, des agriculteurs angoissés par les canaux d’irrigation vides de leur eau nourricière, un tourisme fortement impacté par la pénurie d’eau potable, maladroitement relayé par la presse nationale à tel point que les désistements des locations sont légions. Il faut penser à l’avenir en mettant le département à l’abri de l’avatar 2023.

Aujourd’hui les trois ouvrages principaux de retenue d’eau que sont les barrages de La Bouillouse, Vinça et Caramany, peuvent retenir jusqu’à 65-68 millions de mètres cubes. Il faut rapidement le porter à 80-85 millions de mètres cubes.

Il y a des dizaines d’années que je disais, que je dis aux préfets successifs, aux responsables politiques que nous devons éviter, lorsqu’il pleut, d’envoyer des millions de mètres cubes d’eau à la mer, mais au contraire, les retenir et les stocker en amont dans le lit de nos fleuves en créant des mini-barrages de sept à huit millions de mètres cubes de retenue.

Sur la Têt , principal fournisseur d’eau, elle irrigue la Plaine du Roussillon, il y a de nombreux sites aptes à accueillir ces retenues. Le plus pertinent était celui de La Bastide en aval d’Olette, mais la grande erreur a été d’y construire, dans le lit de la rivière la Maison du Parc Régional. Je m’y étais opposé à l’époque, mais c’est fait n’en parlons plus.

En revanche, en amont, il y a encore des possibilités, notamment au Pla des Avellans ou au-dessus de Villefranche-de-Conflent… Ces retenues de sept à huit millions de mètres cubes, remplies aux premières pluies, nous permettraient d’alimenter le réservoir de Vinça lorsque celui est trop sollicité. Elles permettraient de réguler le débit de la Têt, rassurant ainsi, les agriculteurs de la plaine et les stations balnéaires du littoral.

Le Tech, seul fleuve catalan, sans retenue d’eau, doit être aussi pris en compte. Un barrage en amont de la Forge de Reynès permettrait d’inonder la grande cuvette située entre Amélie-les-Bains rive droite et Palalda rive gauche, mais il y a aussi d’autres sites possibles en amont du village de Le Tech, par exemple.

N’oublions pas que c’est dans ce secteur, en octobre 1940, qu’un éboulement des flancs de la montagne avait créé un important lac artificiel. Cette importante retenue d’eau explosa quelques heures, quelques jours plus tard, dévastant tout sur son passage jusqu’à la Méditerranée entre Elne et Argelès-sur-Mer.

La solution avancée par la communauté Urbaine Perpignan Méditerranée Métropole (PMM) est aussi très intéressante : amener les sept à huit millions de mètres cubes d’eau, de bonne qualité, de la station d’épuration de Perpignan jusqu’au Lac de Vinça, renforçant ainsi le potentiel du site.

Il y a aussi, l’énorme potentiel du massif des Corbières. Entre Salses et Quillan, soixante kilomètres d’eau douce cachée dans des cavités, des rivières souterraines coulent vers l’étang de Salses. Mais là, nous devons au préalable, régler le problème de la salinité et de la survie de l’écosystème de cet étang, fragile aujourd’hui mais combien précieux.

Le douloureux problème de l’eau, sur le département se pose désormais, comme la grande priorité. Plus question de me dire, comme je l’ai souvent entendu, dans le passé : “Qui paye Fernand ?”. C’est un combat gagnant-gagnant que nous devons mener et démontrer à l’ensemble de nos détracteurs, que le département a de la ressource.

Le temps des nouvelles retenues sur nos fleuves est venu !

Complétons le travail des nos illustres anciens Jean-Léon Grégory, Guy Malet et René Marquès.

 

Fernand Roig