Mardi 14 mars 2023, en soirée. Il est environ 22H 45 quand je quitte un restaurant du centre-plage de la station Argelès-sur-Mer pour regagner mon domicile, situé dans le secteur Plage-nord, à vol d’oiseau à peine 1,5 kilomètre de distance entre mon point de départ, le rond-point de l’Arrivée, et ma destination.

Malgré une puissante tramontane, par intermittence, l’atmosphère est plutôt printanière, sereine, côté températures. L’air du temps est plutôt favorable. Rien de mieux qu’une marche à pied pour bien digérer avant dodo un bon repas pris entre amis et bien arrosé (avec modération, quand on peut marier les deux émotions).

La bise à toute l’équipe du restaurant, salutations aux clients encore à table, échange d’un numéro de téléphone (par écrit, car la batterie de mon smartphone a rendu l’âme)… et Go sport dans une marche équilibrée, nez en l’air, rythmée pépère, y’a pas le feu, je suis un (très) heureux retraité (de 64 ans).

Je longe l’avenue des Platanes, la grande pharmacie de la plage (fermée), deux restaurants asiatiques (fermés), l’office de tourisme (fermé), le commissariat de la Police municipale (fermé), l’église (entr’ouverte), le Carnaval Café (fermé) puis je m’engouffre dans l’avenue des Mimosas (laquelle d’ailleurs a de plus en plus de mal à supporter son nom à cause d’une urbanisation dévorante de végétation).

A mi-chemin, patatras ! Soudain, subitement, l’éclairage public s’éteint. Pas une enseigne lumineuse commerciale dans le coin. Plus aucun point de repère visible. Même pour un Argelésien comme moi qui habite et fréquente le quartier depuis deux décennies. L’horreur. Panique sur l’asphalte. Il est 23H, l’heure à laquelle la Municipalité d’Argelès-sur-Mer – comme de nombreuses autres communes dans le département et ailleurs -, a décidé, sous couvert d’économie d’énergie, d’instaurer un couvre-feu jusqu’à 5H du matin.

Que faire ? Ne surtout pas bouger. Car Dame Tramontane a déposé sur la route, dans les rues, des branches d’arbres, a renversé des poubelles, etc.-etc.

J’attends qu’une voiture passe pour profiter de l’éclairage de ses phares et évaluer ainsi ma position. En vain. Peine perdue.

J’avance dans l’obscurité la plus totale.

Ah oui, j’allais oublier l’essentiel, souvenez-vous : la batterie de mon Iphone est à plat, donc d’aucun secours !

J’aperçois une paire d’yeux dans la nuit à hauteur d’une murette. Fausse alerte. Ce n’est qu’un chat. Un chat noir, évidemment ! Manquait plus que lui. Saintes Ténèbres priez pour moi.

Je poursuis ma progression, à tâtons. Je vous laisse imaginer le climat, l’ambiance. Sans parler de la crainte d’être agressé. Je me ressaisis ; nous sommes le 14 mars. En hiver donc. La vie nocturne de la station balnéaire est à l’arrêt, en cette saison.

Il est près de minuit lorsque je devine enfin le portail de ma maison. Une heure de route pour parcourir 1,5 km dans une nuit noire loin d’être magique !

C’est décidé : promis, juré & craché ; à l’avenir, en soirée, je me déplacerai uniquement en voiture. Et peu importe l’impact de mon empreinte carbone. Chacun pour soi.

Drôle d’époque épique !

 

L.M.