(Vu sur la Toile)

 

Le Danemark a fait le choix d’une politique migratoire stricte
(Article de notre correspondant au Danemark, Slim Allagui • Rédaction hebdomadaire Le Point) 

Journal Le Point.- Le Danemark mène depuis plus de deux décennies l’une des politiques migratoires les plus strictes d’Europe avec l’assentiment de la majeure partie de la classe politique et de la population, soucieuse de préserver à tout prix son « État-providence » et sa culture, menacés, selon elle, par l’immigration de pays non occidentaux.

Dans ce royaume de 5,8 millions d’habitants, dont 11,7 % sont d’origine étrangère, l’immigration est devenue depuis la décennie 1980 un sujet de débat politique récurrent face à l’afflux d’immigrés venus de Turquie, d’ex-Yougoslavie et du Pakistan. Ces arrivées se sont faites à l’invitation du gouvernement danois, alerté par le patronat, qui manquait de bras pour les entreprises industrielles du pays.

 

En 2015, le Danemark se transforme en forteresse

Mais cette immigration choisie a été prise de court par le flux de réfugiés musulmans de Bosnie dans les années 1990 et d’autres pays du Proche-Orient. Sous l’impulsion d’un nouveau parti populiste et antimusulman, le Parti du peuple danois (PPD), les libéraux et les conservateurs ont repris le pouvoir aux sociaux-démocrates, préconisant un durcissement radical des lois sur l’immigration.

Le royaume scandinave s’est même transformé en forteresse à l’issue des élections de 2015, qui ont vu le retour des partis de centre droit au pouvoir, soutenus par le PPD, anti-immigrés, première formation de la droite.

Sous la houlette de la ministre libérale de l’Immigration de l’époque, Inger Stojberg, le Danemark a adopté une ligne migratoire extrêmement dure accompagnée d’une campagne médiatique dans des journaux du Proche-Orient pour « briser le mythe du Danemark terre promise » et dissuader les réfugiés d’y venir.

Faisant fi des critiques et des protestations de l’ONU et des ONG, Inger Stojberg affiche fièrement ses résultats : le nombre de demandeurs d’asile a drastiquement diminué.

 

Les sociaux-démocrates adoptent la politique anti-immigration

Pragmatiques face à ces tours de vis migratoires approuvés par la majorité de l’opinion, les sociaux-démocrates ont emboîté le pas de l’extrême droite dans l’espoir de faire revenir une frange de leur électorat ouvrier.

Une tactique gagnante pour la présidente sociale-démocrate Mette Frederiksen, qui proclamait en 2018 « l’immigration non occidentale comme le plus grand défi pour le Danemark représentant plus de 8 % de la population contre 1 % en 1980 ».

Et de proposer notamment « l’arrêt des demandes d’asile spontanées au Danemark [?], qui seraient externalisées et traitées dans des pays tiers » comme le Rwanda. Des propositions chocs, lesquelles, si elles ont provoqué des réactions indignées en Europe, n’en ont pas moins séduit les électeurs danois aux élections de 2019, permettant à la social-démocratie de reprendre les rênes et de les conserver au scrutin de 2022 avec Mette Frederiksen comme cheffe de gouvernement.

Dans un discours, le 17 janvier 2023, devant le nouveau Parlement issu des élections de novembre 2022, la Première ministre maintient le même cap, assurant que son gouvernement s’en tiendra à « une politique d’immigration stricte ».

« Contrôler le nombre de personnes qui arrivent au Danemark est crucial à la fois pour la cohésion de la société danoise et pour la réussite de l’intégration des immigrés ». L’intégration, un sujet qui préoccupe 74 % des Danois. (Source magazine Le Point)