*FRENE66 = Fédération pour les Espaces Naturels et l’Environnement – Pyrénées-Orientales. Membre de France Nature Environnement.

 

Une enquête publique est en cours pour la reconstruction des digues du Réart, oued de la plaine du Roussillon, se jetant dans l’étang de Canet. Les travaux portent sur la partie aval à partir du  pont de chemin de fer et de la voie express RD 914. Il s’agit de mieux protéger des inondations les localités de Saleilles, Théza, Saint-Nazaire…  et même Corneilla-del-Vercol

 

Le très volumineux dossier d’enquête est étudié dans la  perspective d’un retour d’une crue de 350m³/s,  qui semble prévisible tous les vingt-sept ans, alors que la crue de 1992 de 1 000 m³/s est considérée comme millénaire.

Ces calculs sans doute très experts ne semblent pas intégrer les aléas du réchauffement climatique, dont le Sud de la France risque de subir les conséquences avec une augmentation des températures de l’ordre de 4° C, selon les perspectives que le gouvernement ne cache même plus.

Des dizaines de documents, du millier de pages du dossier et des centaines de milliers d’euros en jeu que peut-on apprendre ?

– qu’après travaux la cartographie des zones inondées – avec le retour d’une crue à cinquante ans – semble favorable puisqu’il est pronostiqué un nombre évité moyen annuel d’habitants en zone inondable de 191 habitants/an ;

– que le dossier n’implique pas de limiter l’implantation d’entreprises dans les zones inondables, notamment dans la zone d’activités de Saleilles, ce qui semble le but de l’opération ;

– que le cours du Réart est considéré comme l’une des dernières zones de tranquillité pour la faune et la flore dans la plaine du Roussillon. Cette  coulée verte répertoriée « trame verte et bleue » comporte vingt-trois habitats naturels, dont six caractéristiques de zones humides ;

– que les inventaires naturalistes révèlent la présence notamment de 290 espèces de flore, dont le Tamaris d’Afrique et l’Euphorbe de Terracine, soixante-deux espèces d’insectes dont le Grand Capricorne, sept espèces de reptiles dont le Lézard ocellé (l’éternel sacrifié des aménagements dans le département), au moins soixante-dix-huit espèces d’oiseaux dont des espèces migratrices nicheuses comme le Guêpier d’Europe et le Coucou geai, seize espèces de Chauves souris et un escargot symbolique, l’Otala de Catalogne et que tout cela nécessite une pelletée d’autorisations préfectorales de dérogation à la destruction d’espèces protégées ;

– que les documents d’urbanisme sont modifiés pour autoriser l’installation de ces digues et autres travaux de zones d’expansion des crues dans les zones naturelle et agricoles des plans communaux ;

– que bien entendu tout est pensé  pour que les impacts soient modérés et que des « compensations écologiques » soient recherchées…

 

Pour la FRENE 66, le dossier ne comporte aucune garantie quant au bon état de conservation des habitats et espèces protégées après travaux pour la bonne ry simple raison qu’il s’agit – d’une façon dissimulée –  de la construction aussi d’une voie sur berge avec à la clef la connexion avec des pistes de « mobilité douce » et de l’ouverture au public. Fin de toute tranquillité pour la faune et la flore du Réart.

La FRENE 66 constate aussi qu’aucune compensation n’est demandée aux communes, si imprudentes dans leur urbanisme débridé : aucune diminution de leurs zones constructibles, aucune mesure pour  dés- imperméabiliser les sols, rien pour atténuer le réchauffement climatique.

Tout le grabuge se fait au détriment d’un lieu de nature rare et non reproductible.

C’est pourquoi dans l’état du dossier la FRENE 66 déposera un avis défavorable dans l’enquête publique qui se clôturera le 28 mars 2025.

https://www.pyrenees-orientales.gouv.fr/Publications/Enquetes-publiques-et-autres-procedures/DUP-Declarations-d-utilite-publique/Reconstruction-des-digues-du-Reart-de-la-voie-ferree-au-Chemin-de-Las-Puntes

 Otala in Excelsis !

 

*FRENE66 ; fédération pour les Espaces Naturels et l’Environnement – Pyrénées-Orientales. Membre de France Nature Environnement