Non, ne vous en déplaise Monsieur le maire-pharmacien de Palau-del-Vidre, les médecins généralistes (puisque c’est d’eux dont il s’agit ici) ne sont pas des Sdf ! “Loger gratuitement dans une villa pendant trois mois, le temps qu’il ou qu’elle trouve ses marques” : c’est ce que rapporte, dans votre bouche, le canard local en date d’hier. Hallucinant, surréaliste !
Depuis des mois, des années, exactement comme pour la problématique de l’eau – et Ouillade.eu est le seul et unique média d’information local en s’en faire régulièrement l’écho pour tirer la sonnette d’alarme – un désert médical avance sur le sol roussillonnais, certes comme sur l’ensemble du territoire ailleurs dans l’Hexagone, mais ici, localement, dans les P-O, avec plus d’intensité.
L’une des raisons de cette situation véritablement cauchemardesque en pays catalan, vécue par de nombreux habitant(e)s : l’afflux annuel de nouveaux arrivants qui sont très majoritairement des retraités. Chacun sait que l’on sollicite plus souvent le corps médical lorsque l’on est une personne âgée que lorsque l’on est dans la force de l’âge. Une lapalissade qui rayonne chez nous, entre mer et montagne. Ainsi qu’en plaine du Roussillon. Un particulatisme inquiétant et qui va en s’aggravant au fil du calendrier.
Comme nous le rappelions justement encore (et encore) récemment dans ces mêmes colonnes : non seulement des milliers d’habitants des P-O se retrouvent sans “médecin référent”, que ce soit en ville ou à la campagne, en aire d’influence urbaine ou à la montagne, sachant “qu’en plus”, pour dénicher un rendez-vous chez le dentiste ou chez un spécialiste – ophtalmo, gynéco, dermato, oto-rhino, radiolo, etc.-etc. -, il faut attendre des semaines, des mois, voire plus d’une année. Quand on sait que, cette année 2025, pourrait battre des records s’agissant du départ à la retraite de nombreux personnels dans le secteur de la santé, secteur libéral compris, il y a de quoi véritablement s’inquiéter.
Bref, vous l’aurez compris, dans les P-O, on a désormais plus de chance de gagner au Loto que décrocher un rancard chez un toubib.
Ce contexte ne semble pas pour autant traumatiser nos élus locaux. Pour s’en convaincre, il suffit de lire l’ordre du jour, les comptes-rendus, des diverses assemblées et commissions des collectivités locales et territoriales. Jamais, ou que très rarement, voire exceptionnellement, il est fait référence à cette choquante situation sanitaire départementale.
Faut-il le rappeler pour la énième fois : c’est un Plan Marshall (comme pour l’eau également) que la situation sanitaire des Pyrénées-Orientales appelle, exige.
Ah si, nous avons donc des maires, à l’image de celui de Palau-del-Vidre, qui pensent qu’il suffit d’offrir pendant trois mois une villa à un médecin généraliste pour l’attirer dans ses filets communaux. Fantastique, non ? De l’autre côté du miroir on peut aussi aisément imaginer ce que vont penser d’une telle proposition les Palauencques et Palauencs en recherche d’un logement…
L.M.