Lettre ouverte du Président du Syndicat Mixte du Train Rouge

 

 

-“Faux semblants ferroviaires… et langue de bois…

 

Les collectivit̩s membres du Syndicat Mixte du Train Rouge РPerpignan-M̩diterran̩e-M̩tropole ; communaut̩ de communes Agly-Fenouill̬des ; Communaut̩ de communes
des Pyrénées Audoises -, sont bien évidemment parmi les premières à se féliciter des efforts consentis par les collectivités locales au côté de l’État et de la Région Occitanie/ Pyrénées-Méditerranée pour rattraper sur notre territoire vingt années de retard en matière de desserte à grande vitesse et pour redonner une nouvelle dynamique aux trains du quotidien. Nous nous félicitons ainsi des annonces faites à Narbonne, samedi, à l’occasion de la visite du Premier ministre, Jean Castex, et de la signature des deux conventions portant sur le financement de la première tranche du TGV Montpellier – Béziers et sur les financements apportés toujours par ladite Région pour le maintien des lignes du quotidien ; mais il ne peut que déplorer, qu’une fois de plus la vallée de l’Agly, soit la grande oubliée de ces annonces.
La décision de l’État de consacrer 1,5 M€ au retard d’entretien de la ligne Rivesaltes – Caudiès de Fenouillèdes aurait en effet eu un sens si elle avait été accompagnée d’une obligation faite
à la SNCF d’y consacrer le 1 M€ supplémentaire nécessaire pour permettre la poursuite de l’exploitation du train touristique pendant les cinq années à venir. C’est en effet la durée
minimale pour que l’exploitant et les collectivités locales puissent poursuivre leurs efforts financiers d’équipement et de promotion.
Il n’en est malheureusement rien puisque aucune obligation n’a été faite à la SNCF, qui confirme qu’elle ne financera pas ces travaux, alors que l’entretien du Réseau Ferré National lui incombe (à moins que l’on ait inventé une nouvelle façon de déclasser des lignes ferroviaires appartenant à la collectivité nationale sous couvert de non entretien… pour ne pas avoir à mener une procédure publique de déclassement ) et que le préfet du département des Pyrénées-Orientales, Etienne Stoskopf, est chargé de réunir les parties prenantes pour rechercher « une nouvelle gouvernance » de cette ligne. Ce qui signifie en réalité « déclassement » si l’on ne manie pas la langue de bois.
Et pour en rajouter encore un peu, la SNCF n’envisage pas de ré-autoriser les circulations sur la section Rivesaltes – Caudiès avant le 18 juin, alors que la saison touristique commence pour nous à Pâques, soit à la mi – avril. Nous avons du mal comprendre, nous avions cru entendre que la saison 2022 serait sauvée, mais sans doute « saison touristique » n’a-t-il pas le même sens pour nous et pour la SNCF.
Alors que cette Vallée de l’Agly et la Haute vallée de l’Aude sont parmi les plus beaux sites de France, que le Train Rouge est le train touristique du Parc naturel Régional Corbières-Fenouillèdes à l’instar du Train Jaune pour le PNR des Pyrénées-Catalanes, alors que les vins de la Vallée ce sont acquis une renommée mondiale, alors que le train touristique a tout mis en œuvre depuis dix ans pour être un moteur de ce développement économique et touristique, que cette ligne sera bien utile à moyen terme pour mettre en place une desserte suburbaine entre Perpignan et Estagel, on nous fait savoir, comme déjà à d’autres époques, que nos lointains pays
d’Oc sont bien loin des préoccupations parisiennes, que n’être ni complètement catalans, ni pleinement occitans, c’est être hors sol, et que finalement être du Fenouillèdes ou de la Haute Vallée de l’Aude ou être extra-terrestres, c’est à peu près la même chose. (Heureusement nous avons Bugarach !…).
Eh, oui, les trains touristiques ne sont ni des TGV, ni des Intercités, ni des trains du quotidien. En droit, ils n’existent pas. Alors, à quoi bon s’en encombrer et vouloir les développer ? N’était-ce pas au contraire le bon moment pour leur donner un statut et les droits dont ils sont privés ?
La partie est donc loin d’être gagnée, loin s’en faut, et il faut que tous restent mobilisés, car, comme disait Claude Marti, dans une expression reprise comme titre de l’émission locale de France 3 : « Volem viure al païs, un païs qui vol viure… ».
Jean-Pierre Fourlon
Président du Syndicat Mixte du Train Rouge