Au 77 de l’avenue Joliot Curie, dans la traversée du village de Palau-del-Vidre, se trouve le bar-restaurant “Can Fafa”, une étape s’impose pour humer l’ambiance palauencque, teintée d’une belle authenticité catalane.
Sous les platanes centenaires, les “sénateurs” dominicaux refont le monde en commentant une actualité locale particulièrement ensoleillée, surtout par les temps qui courent, en toute convivialité autour d’une tasse de café, dès les premières heures de la matinée.
Philippe Farriol, dit “Fafa” (à droite au premier plan)… le sens de la fête, du partage “et de notre cuisine catalane”.
Tour de table entre amis pour “Fafa” qui, ce jour-là , dimanche dernier, avait préparé un “esmorzar” (petit-déjeuner catalan), organisé juste la veille des vendanges du vigneron colliourenc Guy Puig (Domaine Puig – Manya). Une pause du matin avec charcuteries, anchois… et bon pain !Â
Il nous avait annoncé son départ à la retraite, mais ce n’était certainement pas pour rester les bras croisés, tondre la pelouse ou se la couler douce… ou alors, c’est méconnaître Philippe Farriol, “Fafa” dans tout le Pays catalan. Vous l’avez compris, vous l’aurez compris, la retraite ne fait (surtout) pas partie ni de son vocabulaire ni de son art de vivre, ne comptez pas sur lui pour faire l’éloge de la paresse, il n’est pas pressé d’arrêter de courir ! La retraite ? “Pas pour moi. Non, merci !”…
Philippe Farriol vient d’ouvrir son restaurant, “Can Fafa”, aux dimensions spectaculaires, dans le coeur historique du village Palau-del-Vidre, sur l’avenue très passante Joliot Curie : impossible de le manquer, d’y échapper. D’ailleurs, toutes générations confondues, les Palauencs et nombre d’habitants des Albères et de la Côte Vermeille y ont déjà élu domicile, définitivement, à l’heure apéritive, les soirs de grands matches de rugby… ou simplement pour prendre un café à l’extérieur, juste en face, sur la placette où des platanes centenaires se déploient tels d’immenses parasols.
Véritable touche à tout, Fafa est un curieux de la vie, un passionné : il y a d’abord la famille, puis le rugby, puis son travail au sein de l’équipe hospitalière de Thuir… puis les z’Amis, en quantité et en qualité : “Mon but, en ouvrant “Can Fafa”, c’est de réunir des amis de divers horizons autour de la Catalanité”.
Sur le rugby et la Catalanité, justement, Philippe Farriol pourrait signer une encyclopédie, autour d’un dictionnaire “amoureux de l’Ovalie”.
A l’hôpital de Thuir, où il était donc employé, et où il a également présidé une association, “La Cafet'”, au profit des patients, il a aussi rempli deux mandats syndicaux à temps plein (sous la bannière de FO Santé) qui lui ont permis de médiatiser – notamment en tant que Trésorier départemental FO Santé66 -, avec succès les engagements de son syndicat quand il s’est agi de (re)monter au créneau pour défendre une quelconque cause en rapport avec ses activités professionnelles.
Pour monter son projet, pour aller jusqu’au bout de son rêve, l’ouverture de “Can Fafa”, il n’a pas hésité à signer une rupture conventionnelle avec son employeur : “J’avais l’idée, l’envie, j’avais dans ma tête depuis si longtemps d’ouvrir un tel établissement, qu’il fallait bien un jour ou l’autre passer à l’acte”. Il l’a imaginé, il l’a rêvé, il a osé le réaliser, le concrétiser. Et le final est assez bien réussi : entre lieu de mémoire et lieu de création, entre sens du partage et amitiés fidèles, Philippe Farriol a gagné son pari, l’évidence saute aux yeux.
Insolite et familier à la fois, l’endroit charrie déjà des effluves légendaires, un climat où le bien-manger et le bien-vivre sont érigés en impératif, avec le charme des tribus enchantées. Et n’hésitons pas à poser cet axiome (re)connu : “un peuple, les Catalans en l’occurrence ici, qui a eu l’intelligence de se donner comme plat typique et fondamental le “pan con tomate”, ne peut être que bon. Foncièrement bon. Puissamment bon”.
L.M.
A l’intérieur du “Can Fafa”, tout est démesuré, tellement l’espace, en hauteur comme en largeur, est surdimensionné, spectaculaire. On a l’impression d’entrer dans une maison vigneronne, dans les coulisses d’un brasseur, dans une cave coopérative… Les matériaux utilisés pour la réhabilitation des lieux, chaque détail (comme cette lumineuse maquette de barque catalane réalisée par le grand pêcheur de Collioure P’tit Louis) et accessoire soulignent cette atmosphère unique. A l’évidence, Philippe Farriol a réussi son pari !
Souvenirs, souvenirs !… Et nostalgie. Fafa c’est aussi (et surtout) le rugby à XV. Il a fait partie des “poussins” et des “juniors” du club de rugby l’Etoile Sportive Argelésienne, notamment deux fois champions de France Junior Crabos en 1980 et 1981… puis direction l’US Thuir, champion de France Reichel en 1983 : “Le club, se confie-t-il sur un coin de table, me fait rentrer à l’hôpital de Thuir ce qui m’a permis d’évoluer en équipe Première pendant cinq saisons, auprès de joueurs comme Imbernon, Bey, Teixidor, Alouges…”. Puis retour sur la Côte Vermeille, en seconde Division, Collioure ensuite en tant que joueur et entraîneur pour terminer en tant que co-président dans les années 2000.