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Marie-France Garaud, figure de la droite conservatrice et conseillère de Chirac et Pompidou, est morte
(Article de www.nouvelobs.com • Rédaction Le Nouvel Obs)

 

 

Le Nouvel Obs.- C’était une des grandes figures de la droite conservatrice et une proche des présidents Jacques Chirac et Georges Pompidou. Marie-France Garaud est morte mercredi 23 mai à l’âge de 90 ans, à son domicile de Saint-Pompain dans les Deux-Sèvres, a annoncé son fils Jean-Yves Garaud jeudi à l’AFP.

Elle était de plus en plus rares dans les médias, malgré quelques interventions pour afficher ses opinions souverainistes, puis un entretien au « Figaro » fin avril 2017 pour soutenir Marine Le Pen au second tour de la présidentielle et appeler à sortir la France de l’Union Européenne.

En juin 2020, elle avait été portée disparue puis retrouvée après une nuit et une matinée de recherches par les gendarmes. Son entourage avait évoqué les « problèmes d’orientation » de l’octogénaire.

Après l’annonce de son décès, le président de LR, Eric Ciotti, a salué sur X (ex-Twitter) « une immense figure du gaullisme ». De son côté, Marine Le Pen, cheffe de file des députés RN, a rendu hommage dans un communiqué à une « figure respectée et écoutée », qui « laisse derrière elle une empreinte indélébile dans l’histoire politique française »

 

 

Artisane de l’arrivée au pouvoir de Chirac

 

Conseillère technique de Georges Pompidou, à Matignon puis à l’Elysée (1967-1974), elle est alors, comme l’écrit le magazine Newsweek « la femme la plus puissante de France ». Avec Pierre Juillet, gaulliste sourcilleux, ils sont décrits comme les « éminences grises » du président et forment un tandem admiré et craint, qui fait et défait les carrières.

Marie-France Garaud vit la mort de Georges Pompidou, en 1974, comme un drame. Hostile à Jacques Chaban-Delmas, jugé trop réformiste, elle contribue à sa défaite en se rapprochant de Jacques Chirac, qui devient Premier ministre du nouveau président Valéry Giscard d’Estaing.

Deux ans plus tard, elle le pousse à démissionner avec éclat puis à fonder le RPR. Marie-France Garaud inspire le fameux « appel de Cochin » du 6 décembre 1978, lancé par Jacques Chirac de son lit d’hôpital, violent réquisitoire anti-giscardien et anti-européen.

En 1979, Jacques Chirac se sépare d’elle. Son épouse, Bernadette, ne supportant plus son emprise sur son mari, disait : « elle utilise les gens puis les jette. Moi, elle me prenait pour une parfaite imbécile ». Mais Marie-France Garaud accuse l’ancien Premier ministre d’abandonner la défense de la souveraineté nationale et de manquer de vigueur pour définir « une ligne fixe ». « Juillet et moi, avions taillé un habit trop grand pour lui », dira-t-elle, toujours cinglante.

 

Candidate à la présidentielle et eurodéputée

 

« Elle a beaucoup compté, elle a beaucoup blessé », écrit en 1982 le journaliste Alain Duhamel, en référence à la période 1967-1979 où elle exerça ses talents, à Matignon et à l’Elysée, de conseillère à la dent dure, affublée de surnoms tels que « la poigne de velours », « Richelieu en jupons », « la tsarine » ou « Cruella ». « Le pouvoir politique, je ne l’ai pas exercé, peut-être ai-je eu de l’influence ? », disait, faussement humble, cette virtuose de la politique politicienne à l’impeccable chignon et aux stricts tailleurs Chanel.

« C’était quelqu’un, elle ne pouvait pas laisser indifférent », a rendu hommage auprès de l’AFP Henri Guaino, ancien conseiller de Nicolas Sarkozy à l’Elysée. « Elle avait ce que beaucoup de responsables politiques n’ont plus, un caractère bien trempé, pas toujours commode, et une colonne vertébrale » a-t-il poursuivi.

 

Chirac et la droite : ils se sont tant haïs

 

Remerciée par Jacques Chirac, Marie-France Garaud s’est présentée face à lui lors de la présidentielle de 1981 où elle n’a remporté que 1,33 % des voix. Obsédée par le danger soviétique, opposée à la cohabitation entre Mitterrand et le RPR, elle perd alors son influence à droite.

La campagne contre le traité de Maastricht en 1992 lui permet de se refaire une santé politique auprès de Charles Pasqua, Philippe Séguin et Philippe de Villiers. Elle soutient ce dernier à la présidentielle de 1995. Engagée avec Charles Pasqua contre le traité d’Amsterdam, elle est élue députée européenne en 1999 (jusqu’en 2004).

(Source Le Nouvel Obs)