Hier, lundi 24 mars 2025, en début de soirée, Jean Vila (PCF), 83 ans, ancien député-maire de Cabestany, a choisi le conseil communautaire de Perpignan Méditerranée Métropole (PMM) consacré au vote du Budget – “un moment essentiel et solennel de la vie démocratique de ladite Communauté Urbaine qui nous permet de débattre des choix budgétaires, et valider les projets pour 2025” -, pour tirer sa révérence, rendre son tablier… “En ce qui me concerne cette séance d’aujourd’hui sera pour moi aussi la dernière (…). Je ne pars pas en claquant la porte, je quitte les fonctions au Conseil Communautaire, mais continuerai en temps que conseiller municipal de Cabestany à suivre nos divers dossiers car les conseils municipaux ne décident plus, mais donnent un avis. En résumé je viendrai régulièrement pour suivre avec les services les dossiers de Cabestany sur nos compétences transférées”.

 

Dès ce 1er avril, Jean Vila ne sera donc plus conseiller communautaire après y avoir siégé pendant quatorze ans. Il sera remplacé par sa suppléante Karine Tartas, fonctionnaire d’Etat détachée syndicalement et dans ses fonctions responsable des petites entreprises où son syndicat, La CGT, est majoritaire… “et très certainement mon “ami” Laurent Gauze pourra découvrir son attachement à la défense des ouvrières et des ouvriers de ses entreprises !”. Une pique en direction du président de la Chambre de Commerce et d’Industrie des P-O (CCI66) – lequel siège également à PMM ès-qualité de 2e vice-président et en tant qu’élu rivesaltais -, qui n’est pas passée inaperçue.

 

Pour le reste, morceaux choisis dans l’atmosphère du discours de ses adieux :

–“Depuis quelques semaines, les ministres en place soutiennent le Président Macron dans ses déclarations d’un Budget sans précédent pour réarmer notre pays. Déclarations très alarmistes sur la menace d’un danger immédiat : la Russie qui s’apprêterait à envahir l’Europe. Un budget pour la guerre et lorsque l’on produit des armes comme il est programmé on n’investit pas dans l’hôpital, dans la recherche, dans l’université, dans le logement, dans l’école, dans la culture… Des budgets dont les aides de l’Etat pour nos collectivités, locales et territoriales, vont être sacrifiés au profit des achats d’armement. Une hausse des dépenses militaires aura un coût social, éducatif, sanitaire, exorbitant ; des filières civiles sont mises au service de la production d’armement. Cela va accélerer les plans de licenciement et la réduction des budgets sociaux. Pour le monde du travail rien de pire que l’économie de guerre ! (…)”.

–“La Communauté Urbaine est devenue un établissement public de copinerie intercommunale (…). Lors des débats dans le cadre de volonté de transparence financière, initiée par Robert Vila*, je trouve un peu indécent que ces dernières semaines un ancien maire, ancien parlementaire**, qui est l’un des responsables des difficultés actuelles, nous donne des leçons de gestion et souhaite revenir à PMM pour nous promettre un nouvel élan (…)”.

–“Certains n’ont pas hésité à faire payer par des votes sanctions ces communes qui ont bénéficié des largesses de la Communauté Urbaine. Rappeler aussi que la Communauté Urbaine était devenue un tiroir-caisse actionné pour faire plaisir aux amis politiques très souvent pour raisons électorales (…)”.

–“Il y a quelques temps, le maire du Barcarès*** m’avait fait une allusion à mes divers mandats. Je lui avais répondu que les élus communistes, dans leur majorité, reversent leurs indemnités. Ceci étant dit , pour continuer sur la situation de notre département : la Communauté Urbaine qui pèse plus de la moitié des habitants et 80% de l’activité économique, comme je l’ai déjà proposé, peut être à l’initiative de la création d’un Forum regroupant tout le monde économique et les syndicats. La pauvreté, le chômage, sont-ils une fatalité ? Je ne le pense pas. Nous avons un rôle important de “rassembleur” (…). Pour moi, je le répète, la fatalité n’existe pas. Notre département a des atouts exceptionnels, certes, c’est à nous tous de les mettre en valeur. Seul un débat sans tabous, avec le monde du travail, avec les entreprises, avec l’ensemble des collectivités, permettra de savoir, de trouver des solutions (…)”.

–“La Commune ne donne qu’un avis, le Communauté Urbaine décide (…). Je ne donnerai qu’un seul exemple : le SCoT. Les maires n’ont pas le pouvoir de décider mais de s’exécuter. Car ce document important sur l’aménagement, l’urbanisme, doit être conforme aux directives de l’Etat, pas ce que souhaiteraient très souvent les élus. Toutes les réunions que nous avons tenues n’ont été que le reflet de ce mécontentement profond des élus. Je crois qu’il faut rendre hommage à Jean-Paul Billès**** pour la patience dont il a fait preuve devant la grogne des élus pour l’arrêter et le faire adopter (…)”.

–“Notre Premier Ministre, François Bayrou, au plus bas dans les sondages, risque chaque jour qui passe de ne pas finir ce printemps”.

–“Mes derniers mots seront pour le président Robert Vila. Nous faisons partis de ceux qui avaient fait le choix, comme cela avait été décidé à Saint-Estève, d’un accord pour que tu présides cette assemblée. Ce mandat à la Communauté Urbaine se termine pour moi et j’en tire quelques enseignements. D’abord, comme avec les précédents présidents, une règle de Démocratie n’a pas été respectée ; en effet dans les postes de responsabilités avec la pluralité politique oubliée. Pour placer en premier lieu les amis politiques, j’imagine peut être les pressions que tu as sans doute subi. Comme je l’ai déjà dit, je regrette que cette Communauté Urbaine n’a pas su associer les habitants à sa gestion. Le Budget va être voté en catimini dans cet hémicycle, leur avis aurait été important (…). Cet effort n’a pas été fait, c’est dommage (…). Ensuite, sur la transparence financière, de grands efforts importants ont été faits, dans les débats cela n’a pas été facile pour certains de l’admettre… et les premiers documents qui nous ont été fournis n’ont fait que confirmer nos méthodes du passé, à savoir la politique des copains (…)”. 

–“Merci pour votre attention. Comme je l’ai déjà dit, je ne claque pas la porte de la Communauté Urbaine, au 1er avril je ne serais plus conseiller communautaire mais en tant que public je pourrais y assister. Je n’oublierai pas à aider pour préparer les prochaines municipales (…). Cabestany, ma ville, a toujours été une commune jalousée, enviée, parce qu’innovante, ou tout ce qui s’y passe ne laisse personne indifférent. C’est la ville du département, dans le classement national des communes de 10 000 à 20 000 habitants, qui se classe 1re dans les P-O, dans la région Occitanie, ainsi que parmi les premières au niveau national. Un classement effectué sur la base de pas moins de 182 critères, étayé d’un sondage qui fait apparaître les actions, les attentes, les besoins et les infrastructures qui intéressent le plus les habitants, comme la qualité de vie, les commerces, la santé et la sécurité. Merci de votre écoute”.

 

Propos recueillis par L.M.

 

*Robert Vila (Divers D roite/ DvD), 58 ans, président de PMM, maire de Saint-Estève, conseiller départemental. Aucun lien de parenté avec Jean Vila.

**Jean Vila fait ici allusion à François Calvet (LR/ Les Républicains), qui aura 72 ans le 1er avril 2025. Ce n’est pas une blague. Maire du Soler de 1995 à 2017, député de la 3e circonscription des P-O de 2002 à 2011, il a également été sénateur de 2011 à 2023. Il avait annoncé sa retraite en politique… et soudainement coucou le revoilou de retour ! Il ne tient pas en place, ni sa parole d’ailleurs.

***Alain Ferrand (DvD), 65 ans, maire de Le Barcarès (interdit de séjour dans sa commune par décision de Justice), 1er vice-président de PMM.

****Jean-Paul Billés (Sans Etiquette/ SE), 74 ans, maire de Pézilla-la-Rivière (depuis le 18 mars 1989), président du SCoT Plaine du Roussillon.