Suite à l’audience d’hier, lundi 2 décembre 2024, devant le Tribunal Correctionnel de Perpignan, concernant l’affaire qui oppose le maire de Saint-Cyprien, Thierry del Poso (prévenu) à Isabelle Jouandet (victime), l’avocat de cette dernière, Me Stéphane Fernandez, s’est exprimé pour souligner que “cette procédure judiciaire est symptomatique des dérives de la possible porosité entre le pouvoir politique, policier et judiciaire. Dans une démocratie moderne, il n’est pas acceptable qu’une enquête préliminaire sur le maire d’une commune s’effectue à la brigade de gendarmerie du lieu où officie le maire”
Me Stéphane Fernandez a ainsi réagi : “De même, il n’est pas acceptable de confier, l’enquête sur commission rogatoire du juge d’instruction, au même officier de police judiciaire de la gendarmerie qui a mené l’enquête préliminaire ayant donné lieu, à une décision de classement sans suite, par le parquet de Perpignan, le 18 novembre 2016. Assurément, la justice manque de moyens, mais elle ne manque pas seulement de moyens. La justice ne devrait pas être à géométrie variable concernant les délais d’audiencement. Un justiciable conventionnel, pour des faits d’une gravité moindre est jugé dans des délais extrêmement rapprochés”.
Et l’avocat de Mme Jouandet de conclure : “Nous devrions nous interroger en France sur la capacité de l’Institution judiciaire à juger équitablement et impartialement les femmes et les hommes politiques comme l’exige la CEDH**“.
A l’appui de sa demande de “dépaysement territorial” du procès, Me Stéphane Fernandez a rappelé le CV politique et influent de Thierry del Poso au travers de ses divers et nombreux mandats : “il a été avocat au Barreau des P-O à Perpignan jusqu’en 2018, qu’il demeure toujours gérant et associé de la SCI FTG, que depuis il exerce les fonctions de médiateur près la Cour d’Appel de Montpellier, maire de Saint-Cyprien depuis 2009 – “à ce titre, dans le cadre de ses pouvoirs de police il est en relation de façon habituelle avec le procureur de la République et le président du Tribunal judiciaire de Perpignan (…) – qu’il est par ailleurs président de la communauté de communes Sud-Roussillon, conseiller départemental ; quand à son épouse, Carole del Poso, elle est conseillère municipale de Saint-Cyprien et suppléante du sénateur LR (Les Républicains) Jean Sol (…). La bonne administration de la justice commande le renvoi de l’affaire devant le Tribunal Correctionnel de Toulouse”, conclut l’avocat de la plaignante, Me Stéphane Fernandez.
Propos recueillis par L.M.
*Le 8 juillet 2016, à la sortie du conseil municipal de Saint-Cyprien, Thierry del Poso, 52 ans à l’époque des faits, maire de la commune, a porté un coup violent au visage de feu Jean Jouandet (l’époux d’Isabelle Jouandet), 78 ans à l’époque des faits, ancien préfet et membre dudit conseil municipal. A la suite de cette agression, l’état de santé de Jean Jouandet se serait fortement dégradé et, le 14 novembre 2016, ce dernier décédait. Au moment des faits, Jean Jouandet avait dû déposer sept plaintes pénales contre Thierry del Poso… Hier, devant le Tribunal Correctionnel de Perpignan, Me Stéphane Fernandez a demandé le renvoi de l’affaire devant le Tribunal Correctionnel de Toulouse.
**CEDH, Cour européenne des droits de l’Homme.