Tribune Libre/ Claude Barate* : “Eau, et si on passait aux choses sérieuses…”
par adminLuc le Avr 25, 2024 • 9 h 24 min Aucun commentaire*par Claude Barate, Universitaire, député honoraire
Finalement le projet du golf à Villeneuve-de-la-Raho se fera et c’est très bien. Il se fera en respectant le cahier des charges, en réalisant les logements prévus dont 150 logements sociaux. Il dotera le département d’un équipement supplémentaire créateur d’emplois et d’espaces verts. Son gazon sera exclusivement arrosé par l’eau traitée de la station d’épuration. Ce sera une décision de bon sens source de développement pour l’agglomération perpignanaise
Il est logique que dans une période de sécheresse, on fasse attention à l’utilisation de l’eau, qu’on gère sa dépense par toute une série d’opérations de restrictions.
Mais il faut faire attention à ne pas rentrer dans une action de décroissance économique, synonyme de perte d’emplois et de pouvoir d’achat.
Bref, il ne faut pas perdre de vue l’essentiel !
Sans eau, il ne peut y avoir de développement, et un département qui ne se développe pas est un département qui meurt. Et Dieu sait que nous n’avons pas besoin de cela !
Dans la France entière, seuls deux départements sont dans une situation grave de sécheresse conjoncturelle, le nôtre, et celui de notre voisin, l’Aude. Partout ailleurs des pluies diluviennes ont fait remonter les nappes phréatiques.
D’après les spécialistes- je n’en suis pas- le seul fleuve Rhône a rejeté en 2023, soixante milliards de m3 d’eau, directement en mer.
D’après ces même spécialistes, le prélèvement sur cette eau du Rhône représenterait un caractère dérisoire puisqu’il serait inférieur à un pourcentage de 1%.
Voilà de quoi alimenter sans difficulté les barrages de Vinça, de Caramany en même temps que la retenue d’eau de Villeneuve et à partir de ces réservoirs réalimenter nos nappes phréatiques.
Encore faut-il que la jonction soit faite.
Le Département a décidé de ne pas s’occuper du sujet puisque depuis près de trente ans rien n’a été engagé.
Il faut impérativement qu’une collectivité prenne en charge le dossier. J’ai déjà proposé qu’un syndicat des intercommunalités s’attache au sujet avec le soutien des autres collectivités. La région et l’Etat ne peuvent rester insensibles sur un problème d’équilibre dans l’aménagement du territoire et la survie économique de ces territoires.
Cette action est essentielle. Qui va s’attacher à la mettre en œuvre ? Il ne faut plus tarder.
Pendant le temps de la réalisation de l’ouvrage, des actions complémentaires doivent être engagées : Il faut éradiquer dans les communes les pertes d’eau potable dues à des réseaux de distribution en mauvais état ; Il faut, comme on le fait dans d’autres pays, récupérer les eaux traitées en sortie de station d’épuration, pour l’irrigation de l’agriculture, des espaces verts et… des terrains de golf.
Il faut également, parce que les pluies reviendront bien un jour, que le syndicat des intercommunalités élabore le schéma des retenues collinaires ayant une double vocation, l’aménagement paysager des territoires et la réalimentation des nappes phréatiques ; la réalisation de ces ouvrages étant du ressort des structures concernées.
Sur tous ces sujets, ce qui compte, c’est le bon sens et la volonté d’agir.
Claude Barate, universitaire, député honoraire