*Où est passée l’Europe ? Par Claude Barate, universitaire, député honoraire

 

 

-“Aujourd’hui, le monde est dirigé par les états qui représentent la population la plus importante et disposent des budgets militaires les plus importants.

On peut le regretter mais c’est ainsi.

Des pays ont incontestablement un leadership mondial, les USA, la Chine, par la taille de leurs peuples (340 millions d’habitants pour les USA et 1 milliard 425 millions pour la Chine) mais aussi pour leur puissance militaire (910 milliards d’euros de budget annuel pour les USA, 300 milliards d’euros pour la Chine).

La Russie a le plus grand territoire au monde. Mais avec 150 millions d’habitants, elle n’a que le PIB de l’Espagne qui en a trois fois moins. Malgré un effort démesuré au regard de sa population, la Russie ne peut que consacrer 150 milliards d’euros annuels à sa force militaire. Elle n’est qu’une puissance régionale qui veut jouer un rôle mondial en se comportant comme un océan qui n’a aucune limite territoriale. En fait, elle n’existe politiquement que parce qu’elle a une force nucléaire très importante qui date de l’Union soviétique.

L’ensemble des pays de l’Europe (les 27 pays de l’Union européenne et la grande Bretagne) pèse 514 millions d’habitants et a un budget militaire annuel de 550 milliards d’euros en 2023). Cet ensemble est d’autant plus important que le Royaume-Uni et la France sont tous les deux dotés d’une force nucléaire opérationnelle.

Je ne mésestime pas la puissance montante d’une Inde qui dispose de l’arme nucléaire et s’appuie sur la population la plus importante du monde (1 milliard 428 millions d’habitants), mais qui ne s’exprime que sur le plan du commerce international et des relations régionales, nonobstant sa participation aux Briks.
La logique voudrait que l’Europe soit une des trois grandes puissances qui pèsent dans le monde et ce, d’autant plus que le PIB de l’Europe, y compris le Royaume-Uni est aussi important que celui de la Chine qui a pourtant trois fois plus d’habitants.

Comment se fait-il que dès le premier souffle de vent en provenance de l’Amérique de Trump, cette Europe, notre Europe disparaisse ?

Et pourtant, elle était sure d’elle, arrogante même, Ursula von der Leyen, lorsqu’elle édictait des normes contraignantes pour les européens pendant qu’elle ouvrait toutes grandes les portes du marché européen à des produits ne les respectant pas.

A sa décharge, elle n’est pas seule responsable, les responsables qui l’avaient précédé étant tous sur la même ligne d’une Europe largement ouverte aux courants du mondialisme.

C’était tellement facile pour Angela Merckel de jouer à l’écologiste, en supprimant les centrales nucléaires à la demande des Verts, puis de s’approvisionner en énergie auprès de la seule Russie.

C’était tellement facile d’accueillir des centaines de milliers d’immigrés pour faire tourner à bon marché l’industrie allemande, surtout sans se préoccuper des conséquences en therme de société ou de culture.

C’était tellement facile de faire des affaires, sans trop dépenser sur le plan militaire, en vivant sous la protection et donc sous la coupe de l’Amérique.

Et pourtant, il était facile de prévoir que la Russie ne manquerait pas de faire des siennes comme elle l’a toujours fait tout au long de son histoire.

Il était prévisible qu’un jour ou l’autre, les USA, tout en continuant à jouer de leur bouclier, pour vendre leurs armes à une Europe sans âme, pourraient regarder ailleurs.

On ne peut pas « penser épicier » et vouloir rayonner sur le monde.

Ce qui manque à cette Europe, c’est une âme !

Au lieu d’élargir l’Europe, il fallait la densifier. Il fallait qu’elle mette en exergue la puissance et la richesse de sa culture, littéraire, musicale, artistique.

Comment être fiers de ce que nous sommes, lorsque la Commission Européenne subventionne une publicité vantant les mérites du port du voile islamique, comme symbole de liberté alors que des millions de femmes dans le monde, se battent pour s’en débarrasser.

C’est cette Europe technocratique, dogmatique et idéologique qui nous empêche de rayonner.

Est-il trop tard pour changer ?

Non, il n’est jamais trop tard, à la condition expresse de s’appuyer sur la volonté des peuples et de rejeter cette technocratie et cette idéologie qui nous étouffent”.

 

Claude Barate, universitaire, député honoraire