Port-Vendres/ Le maire déclare : « il aurait fallu faire des fouilles avant de combler l’anse ! »

La foudre de Jupiter et les charmes de Vénus ont-ils enfin fait comprendre à Grégory Marty la gravité de ses erreurs ? Est-ce la fin du cauchemar du bétonnage de l’anse des Tamarins ? Hélas non, le maire qui s’exprime ainsi dans une lettre adressée au préfet est Henri Belieu, et nous sommes en 1881 et non pas en 2023. Quant au lieu il s’agit de l’anse Gerbal qui fait face à l’anse des Tamarins, et n’en ait séparée que par le chenal, ce qui souligne le caractère unique et global du complexe portuaire de l’époque antique.

Henri Belieu parle de la découverte d’un bâtiment logé dans un creusement de roche, mesurant dix mètres sur quatre. Des décombres, le maire a pu sauver les restes d’une mosaïque de marbre noir et un ensemble de marbres blancs sculptés. Selon d’autres sources, il aurait été trouvé un buste d’empereur sculpté et des des fragments de tegulae (tuiles romaines à rebord). Mais il est possible qu’il s’agisse d’un bas-relief exécuté sur les marbres dont parle le maire. Toutes ces pièces ont disparu aujourd’hui alors que le maire et le préfet de l’époque avaient pris soin d’en faire don au Musée de la ville de Perpignan car à cette époque on se passionnait pour la Culture et l’Archéologie dans la capitale du Roussillon.

On voit aussi que le maire de Port-Vendres respecte la relation de dépendance, car Port-Vendres était le port de Perpignan. Le maire de Perpignan, Jean Mercadier, écrit par retour du courrier au préfet pour remercier sincèrement le maire de Port-Vendres, du don au musée de Perpignan de ces « quelques objets d’art ». On attend que Louis Alliot nous annonce qu’il a retrouvé ces pièces et qu’il les retourne à Port-Vendres au bénéfice du futur musée Archéologique dont on espère toujours la construction.

Quant au préfet de l’époque, conscient de sa mission de sauvegarde du patrimoine archéologique il a coordonné et est intervenu auprès du ministère des Arts (futur ministère de la Culture). Cette attitude de respect et de sauvegarde s’est matérialisée par l’envoi d’un dossier photographique au ministère. Quelle différence avec le Préfet actuel, qui n’a pas hésité à ordonner la destruction des 5 000 tonnes de gravats contenant des vestiges archéologiques en mars 2022, sous couvert d’un rapport scientifique falsifié !

Que ce soit aux Tamarins, à Gerbal ou autour de la presqu’ile malheureusement amputée par les travaux intempestifs de déroctage et sans compter ce que nous venons de découvrir sur l’ile sur la base de documents d’archives, nous sommes face à quatre dépôts archéologiques majeures dont l’origine est terrestre. C’était donc juridiquement au préfet de région d’intervenir dans cette affaire.

Le DRASSM du ministère de la Culture n’avait ni les compétences ni le droit de « manipuler » ce dossier. Des découvertes dont le dossier a été déposé récemment dans les mains du Procureur ne laissent plus aucun doute là-dessus.

Il faut remercier tout particulièrement l’historien maritime de Port-Vendres, Bernard Bernadac, qui vient de publier un ouvrage très bien documenté sur l’Histoire du port : « Port-Vendres au fil du temps ». Il m’avait communiqué une coupure de presse relatant la découverte archéologique de l’anse Gerbal mais s’interrogeait sur le journal qui avait sorti l’information. Je peux répondre aujourd’hui qu’il s’agit de L’Indépendant du 8 novembre 1881, journal qui, à l’époque, semblait s’intéresser à l’archéologie Portvendraise.

Ajoutons pour conclure que cette découverte et celles dont nous rendrons publiquement compte prochainement, montre que, contrairement aux dires de certains, Port-Vendres disposait de très nombreux vestiges terrestres quand les Français en prirent possession en 1659 lors du Traité des Pyrénées.

De nombreux textes d’archives en témoignent. Il est inadmissible que le Département66, la Municipalité de Port-Vendres et le Préfet aient traité par le mépris la richesse de nos archives.

Avant de demander au chef des archéologues un « rapport bidon » pour expliquer qu’il n’y avait aucun vestige à Port-Vendres et que les blocs trouvés dans le port ou découverts sur l’Ile et au-dessus de Gerbal dataient du passage des Allemands en 1944. La simple consultation des Archives aurait évité de telles inepties venant d’archéologues qui ne font aucune différence entre l’Empire allemand du IIIe Reich et l’Empire romain.

 

*Jean-Claude Bisconte de Saint-Julien, président de l’association « Port-Vendres et Portvendrais » – 11 route de Banyuls, 66660 Port-Vendres