Bucoliques, car ces lectures, réalisées dans un environnement inattendu avec le parfum du romarin flottant dans les airs, venant taquiner nos narines. Sublime ! Tonifiantes, car elles nous rappellent un passé pas si lointain finalement, et en prise directe avec l’actualité. Remuantes, car les neurones mises à dure épreuve

 

Pour ce qui est de l’environnement, un cadre digne des plus grandes représentations, des plus grandes signatures. Une colline, sur les hauteurs d’Estagel dénommée “Le Mont d’Estagel”. Des auditrices bien particulières. Un troupeau de magnifiques chèvres de race Rove. Voilà pour le cadre envoûtant.

Georges, un lecteur-poète bien-pensant

Qui ne connaît pas Georges Bernadas !
Qui ne connaît pas ses fromages de chèvre vendus les dimanches matin face à la statue de François Arago !
Mais Georges n’est pas que chevrier. Sous ses allures débonnaires, c’est aussi un penseur. Mais un penseur sage, même si parfois, nous pouvons ressentir derrière son calme olympien, sourdre une colère face à certains faits de société, face à l’adversité qu’il a toujours assumée.
C’est certainement pour tout cela qu’une étroite collaboration est née avec l’association “La Remise” dont l’animatrice, Soledad, semble se reconnaître dans ces dilemmes.
C’est aussi, certainement pour cela, que pour cette dernière représentation avant le prochain printemps, la décision a été prise de faire lecture de poèmes rappelant la guerre civile en Espagne.
Et Georges excelle dans son rôle de lecteur de textes dans la langue de Cervantès. Et grâce à son savoir, dans cette période nauséabonde, de déjouer tous les pièges. Et il connaît tous les recoins des mésaventures qui nous sont faites.

Des artistes connaissant parfaitement leur rôle

C’est ainsi que Rita, Titou, Maxime, Éric, ont complété majestueusement dirons-nous, cet après-midi sur les flancs de la colline.
Rita, avec sa voix ponctuée de suavité extrême, de troubles, appelant à un examen de soi pour enfin arriver au surpassement de l’être.
“Ce n’est pas la peine de savoir où on va, il faut y aller”. C’est Titou qui dit cela dans un de ces textes. Et il nous amène ainsi à vraiment réfléchir sur la nature humaine.
À ce moment-là, un tremblement d’air a fait surgir tout près de nous, cette soif inaltérable de vivre la vie comme une véritable vie.
Que dire de Maxime ! Peut-être le plus enthousiaste de toute cette belle équipe. En cette belle journée, grâce à ses mouvements de danse et son accordement plein de grâce et dans le même temps majestueux, à su accorder l’Espagne Républicaine de 1936 avec la réalité de notre temps.
Quant à Éric, ce jeune prodigue, qui sait si bien adapter les percussions sous des angles parfois inattendus, nous lui disons bravo, et bonne continuation dans ce monde de la culture irremplaçable pour l’existence même.
Un fait que nous avons remarqué. La présence de Nicolas Cussac bien connu dans notre Fenouillèdes, croquant de son crayon alerte les positions ô combien sublimes de tous les interprètes.
Nous laisserons le mot de la fin à Georges :
“La culture n’est pas forcément celle que nous pouvons rencontrer dans les salons feutrés, lambrissés, climatisés.”
Comme nous le comprenons et partageons cette sage pensée !

Joseph Jourda