(Vu sur la Toile)

 

La Corse, championne de la corruption en France
(Magazine Le Point)

C’est une cartographie nationale de la corruption, dont la Corse sort largement en tête. Un document d’une quinzaine de pages, élaboré conjointement par l’Agence française anticorruption et le Service statistique ministériel de la sécurité intérieure, rattaché au ministère de l’Intérieur. Son objet : les atteintes à la probité enregistrées par les forces de police et de gendarmerie sur le territoire national.
Corruption, trafic d’influence, détournements de fonds publics, favoritisme? les chiffres ne reflètent pas directement l’état de la délinquance mais sont basés sur le nombre d’infractions recensées ? 801 au cours de l’année 2021 sur la France entière. Principal enseignement : si elles ont augmenté de 28 % depuis 2016, soit en moyenne de 5 % par an, rapportées à la population ces infractions battent des records en Corse. Selon cette étude, les deux départements insulaires «comptabilisent plus de six infractions en moyenne par an pour 100 000 habitants entre 2016 et 2021».

 

L’île se place ainsi tout en haut du classement. Loin, très loin devant la moyenne nationale établie à 1,1 infraction. Certaines atteintes à la probité sont plus souvent constatées que d’autres. Les trois quarts d’entre elles concernent trois types d’infractions : la corruption (29 %), le détournement de fonds publics (24 %) et la prise illégale d’intérêts (18 %). La corruption est beaucoup plus présente dans la sphère publique (68 %) que dans le secteur privé.

 

Anticor note « une aspiration importante à la légalité »

 

« Malgré des moyens d’investigation qui ne sont pas toujours à la hauteur des enjeux, notamment face à la criminalité organisée, cette étude démontre qu’un certain nombre de faits sont dénoncés via des plaintes et laisse donc penser qu’il y a, dans la société corse, une aspiration importante à la légalité », observe Éric Alt, vice-président de l’association Anticor, qui milite contre la corruption.
Si la Corse se place sur la première marche du podium, les départements et régions d’outre-mer ne sont pas en reste : ils comptabilisent « entre 2,1 et 4 infractions en moyenne par an pour 100 000 habitants ». Ces collectivités sont particulièrement concernées par les détournements de fonds publics, qui représentent 39 % des atteintes à la probité. L’étude explique ces chiffres élevés notamment par le statut particulier de ces territoires qui jouissent d’une plus grande autonomie locale : « Ces collectivités présentent des singularités institutionnelles qui peuvent, dans une certaine mesure, expliquer ce phénomène. »

En Corse, la circulaire pénale territoriale de novembre 2012 a fait de la lutte contre la délinquance économique et financière une priorité. Avec l’ÃŽle-de-France, elle est d’ailleurs la seule région à disposer d’un pôle économique et financier, à Bastia. (Source Le Point)