(Vu sur la Toile)

 

Remaniement : « En Marche, c’est des traîtres », le top six des charges de Rachida Dati contre la macronie
(Article de Alexandre Bouyé • Rédaction du journal Libération)

 

Libération.- C’est la grosse surprise du remaniement. Si le départ de Rima Abdul Malak était attendue – l’ex-ministre avait publiquement subi la désapprobation d’Emmanuel Macron dans l’affaire Depardieu, le président estimant qu’elle s’était « un peu trop avancée » – la nomination de Rachida Dati au ministère de la Culture a fait l’effet d’une bombe.

L’arrivée de Dati souligne le tourant droitier pris par le gouvernement depuis l’arrivée de Gabriel Attal à Matignon. Mais surtout, la sarkozyste historique, qui fait trôner un tableau géant du Général de Gaule dans l’entrée de son bureau Rue de Grenelle, avait toujours pris soin de régulièrement égratigner l’exécutif macroniste, multipliant les piques et les mots forts. Au point que faire un top de ses déclarations fut compliqué, tant ses sorties acides sont nombreuses, notamment contre l’actuel pensionnaire de l’Elysée.

1. « Macron envoie les pires symboles »
Dans une longue tribune publiée dans le Monde le 15 juillet 2020, Rachida Dati chargeait violemment le président de la République sur ses choix de ministres, moins de deux semaines après l’arrivée de Jean Castex à Matignon et un remaniement polémique. « Il envoie les pires symboles aux femmes victimes de violences en confiant systématiquement les postes clés de l’administration et de son gouvernement à des hommes issus de la même bourgeoisie d’Etat », dénonçait-elle.

Dati faisait alors référence aux nominations de Gérald Darmanin, Éric Dupond-Moretti et Olivier Dussopt, qui venait de se voir respectivement confier l’Intérieur, la Justice et les Comptes publics… Le premier était alors sous le coup d’une enquête pour une accusation de viol, le second était visé les associations féministes pour ses propos sur le harcèlement de rue, et le troisième faisait l’objet d’une enquête pour « corruption » et « prise illégale d’intérêts ». La nouvelle ministre de la Culture devra travailler avec les deux premiers, innocentés depuis.

 

2. « L’alliance avec En Marche, c’est le baiser de la mort »
Comment va-t-elle pouvoir le faire oublier ? Dans une interview à Ouest France le 28 août 2020, Rachida Dati n’y allait pas par quatre chemins, enfonçant les membres des Républicains ayant décidé de s’allier avec le gouvernement pour les élections municipales 2020. « Tous ceux qui ont fait des alliances opportunistes avec LREM ont perdu. L’alliance avec En Marche, c’est le baiser de la mort. », cinglait-elle . Très fière de sa formule, Rachida Dati en faisait même un tweet. Des mots extrêmement violents, de la part de celle qui, aujourd’hui, quoi qu’elle pourra en dire, s’allie avec Emmanuel Macron au sein de l’exécutif.

 

3. « En Marche, c’est des traîtres »
Le 21 juin 2021, invitée sur France Inter, Rachida Dati se lâche au micro de Léa Salamé. Prenant à revers le « dépassement » de Macron, elle défend l’idée que la droite et la gauche, « ça existe », et chronique a posteriori l’élection présidentielle de 2017. Visant les socialistes et les républicains ayant « filé chez Macron en deux secondes », elle étrille le parti du président, évoquant un mouvement qui n’aurait ni doctrine, ni idéologie, ni convictions : « En Marche, c’est quoi ? C’est des traîtres de gauche, des traîtres de droite, c’est ça, ce parti » tacle-t-elle, fusillant l’« impossibilité d’implantation locale », d’un parti qui « se réduit à Emmanuel Macron ».

 

4. « Non, pas de participation au gouvernement »
Le 21 juin 2022, deux jours après le second tour des élections législatives qui avait vu la macronie réduite à une majorité relative à l’Assemblée nationale,, Rachida Dati est invitée sur BFMTV. Elle l’assure alors : « Non », si le président de la République l’appelait pour s’asseoir à la table du conseil des ministres, elle n’accepterait pas. « Nous avons dit : “Pas de participation au gouvernement” », explique-t-elle, faisant référence à la décision collégiale prise au sein de son parti Les Républicains.

Celle qui a toujours juré fidélité à sa formation politique est alors catégorique : elle ne répondra pas à la main tendue par François Bayrou et Édouard Philippe pour former une majorité parlementaire : « Maintenant ils pleurent, ils font appel à nous, on est leur bouée de sauvetage. Pendant cinq ans ils nous ont ignorés, méprisé tous les corps intermédiaires, tous les élus locaux, tous les Français… Voilà le résultat ! ».

 

5. Borne ? « Le choix de l’immobilisme »
Dans la même interview, elle fustigeait la décision d’Emmanuel Macron de refuser la démission d’Élisabeth Borne. « Si elle reste, Macron fait le choix de l’immobilisme, on ne change rien, tout va bien. On enjambe, regrettait-elle. Pour lui, elle n’est pas là ! Elle ne participe même pas aux consultations, ça en dit long », poursuivait-elle, ciblant « une femme Première ministre… mais sous tutelle ».

 

6. « Madame Buzyn, des Français sont morts ! »
Le mercredi 17 juin 2020, un mois après la fin du premier confinement et à dix jours du second tour des élections municipales à Paris, Rachida Dati provoque la colère et l’indignation de l’ex-ministre de la Santé et candidate de la majorité Agnès Buzyn. Au milieu d’un débat qui se transforme en pugilat sur le plateau de France Info, Dati attaque : « Les valeurs de Madame Buzyn, c’est de mentir aux Français. Des Français sont morts ! Des Français sont décédés. Elle a menti aux Français sur des sujets graves. Effectivement, je n’ai pas les mêmes valeurs ». Autant dire que pendant la crise sanitaire, le gouvernement serait en partie responsable des morts du COVID.

 

7. Macron : « Comment doit-on qualifier son silence et son inaction ? »
Le 2 octobre 2020, le discours d’Emmanuel Macron sur la lutte contre les séparatismes provoque l’ire de Rachida Dati. L’ancienne garde des Sceaux reproche au président de la République « de toujours culpabiliser la France et les Français. », en réponse à la phrase « nous avons construit notre propre séparatisme, nos quartiers ». Pour Dati, « les responsables sont les politiques, qui, à l’échelle nationale ou locale, se sont délestés de leurs missions de service public, ont créé des ghettos et ont enfermé dans un statut d’“assistés” les habitants de ces quartiers. » En réplique à Macron, pour qui le gouvernement n’a « jamais fait preuve d’angélisme ni de naïveté », elle tacle : « Alors comment doit-on qualifier son silence et son inaction depuis qu’il en est responsable ? », avant de se dire prête à affronter le président à la présidentielle, affirmant que « LREM disparaît à chaque élection ! ».

 

8. « On est tous passés par des 6 %, ça va peut-être vous arriver un jour ! »
En 4 janvier 2019, sur le plateau de « l’émission politique » sur France 2, Rachida Dati se trouve aux côtés de Marlène Schiappa, alors secrétaire d’Etat chargée de l’Egalité entre les femmes et les hommes et de la Lutte contre les discriminations. Face à Benoît Hamon, celle dont la carrière politique a depuis été dynamitée par l’affaire du fond Marianne ironisait sur le score au premier tour de l’élection présidentielle 2017 de l’ancien candidat socialiste. Après qu’Hamon a pointé ce qu’il estimait être un manque «d’élégance», Rachida Dati interpelle la ministre macroniste : « Vous dites tout à l’heure “vous avez fait 6 %” en montrant du doigt Benoît Hamon. Mais on est tous passé par des 6 %, ça va peut-être vous arriver un jour ! Donc, il faut être humble là-dessus. Et très modeste. »

(Source journal Libération)