*Brice Sannac, hôtelier-restaurateur à Banyuls-sur-Mer et à Collioure, président départemental de l’Union des Métiers de l’Industrie Hôtelière des Pyrénées-Orientales (l’UMIH66), co-président de l’UMIH-Occitanie.

 

 

Alors que la saison touristique débute, que nos équipes sont sur le pont, que 45% du PIB de notre territoire dépend directement de cette activité… voilà le débat qui enflamme les esprits : peut-on encore fumer sur une plage privée ?

 

Et attention, ce n’est pas une mauvaise blague d’un sketch des Inconnus.

C’est une vraie réponse, très sérieuse, fournie par les services de l’État :

« Tout établissement se trouvant à l’intérieur des espaces concernés par l’interdiction de fumer est désormais couvert par cette interdiction. Il ne sera donc pas possible de fumer dans un restaurant ou un bar se trouvant sur une plage couverte par l’interdiction. »

Donc, pour résumer : l’État interdit de fumer sur une plage… qu’il a lui-même concédée à une commune, qui l’a elle-même relouée à un exploitant privé, à grand renfort de redevances.

Autrement dit, vous payez pour exploiter, vous répondez à des cahiers des charges exigeants, vous subissez les contrôles, mais vous ne pouvez même plus gérer ce qu’il se passe à votre terrasse.

On rêve !

À l’heure où la France vit au-dessus de ses moyens, peine à se réformer, est étranglée par la dépense publique,
… nos hauts fonctionnaires trouvent encore le temps d’aller pondre une énième couche réglementaire sur… la clope sur le sable.

Et pour couronner le tout, aucun décret n’est encore sorti !

Mais l’ARS, les ministères et les représentants de l’État se précipitent dans les médias pour annoncer la chose comme acquise, comme à l’époque bénie du COVID, où trois versions d’une mesure circulaient dans la presse avant que le décret final (souvent contradictoire) ne soit publié.

Nous, professionnels du tourisme, ne demandons pas la lune :

✅ De la clarté,

✅ Un minimum de respect pour ceux qui bossent,

✅ Et surtout, qu’on arrête de faire peser sur nos épaules les lubies réglementaires de ceux qui n’ont jamais géré un service, ni servi un client.

La France est déjà le pays le plus normé au monde, avec le coût du travail le plus élevé de l’OCDE.

Et pourtant, au lieu de s’attaquer aux vrais sujets on fait la guerre à la cigarette… sur des concessions que l’État a lui-même mises en location.

C’est absurde.

C’est contre-productif.

Et c’est typiquement français.

Au lieu d’empiler les interdits, essayons d’abord de résoudre les problèmes structurels. Vous verrez, les Français iront mieux … et auront moins envie de fumer !

 

Brice Sannac