Patrick Palacio prenant la pose devant son tableau préféré parmi les dizaines d’oeuvres qui tapissent les murs de l’Hostellerie des Templiers, appartenant à la famille Pous, authentique bar-hôtel-restaurant-galerie-de-peintures à Collioure où les plus grands talents du Fauvisme – André Derain, Henri Matisse… -, entr’autres, se sont exprimés au début du XXe siècle pour lancer ce mouvement français qui prône l’utilisation de la couleur et non du dessin comme il était d’usage dans l’art officiel.

 

Patrick Palacio, 54 ans : de la plonge à la direction, dans la plus célèbre et emblématique hostellerie de la Catalogne nord, Les Templiers à Collioure, c’est la formidable ascension sociale de ce jeune Perpignanais qui aura passé trente-six années – les plus belles, il le jure – de sa vie dans ce haut-lieu à la fois festif, gastronomique… et théâtral !

 

C’est dans les cuisines, à la plonge, que Patrick Palacio a débuté aux Templiers. Il y restera trente-six ans et y gravira tous les échelons des cuisines au comptoir puis à la direction de ce fleuron de l’industrie touristique sur le littoral roussillonnais, apprécié des Barcelonais et des Catalans du monde entier.

 

Dans ce triangle des Bermudes en forme de barque catalane, il a côtoyé artistes de tout poil (de pinceau) et aux abois, comédiens (sans metteur en scène), yacht-people (à ne pas confondre avec les boat-people), jet-set, gros bonnets de la politique, pêcheurs (sans ligne mais avec filets), jeunes loups (édentés), rigolos de fin de banquet, supernanas et bomecs, pétanqueurs reconvertis dans la belote pagnolesque, bref le cocktail explosif des allées du pouvoir sociétal, et ce quotidiennement, jusqu’au douze coups de zéro heure, dans un sens comme dans l’autre. A tout seigneur tout honneur.

Vous l’aurez compris, le Sorédien (after-work) Patrick Palacio a consacré sa vie à cet établissement – fondé et toujours propriété de la famille Pous -, au point que lorsqu’on lui demande de nous citer quelques passions qui l’animent, il est littéralement incapable d’en énumérer rien qu’une seule : “Je n’ai qu’une passion, les Templiers ! Ici, j’ai tout fait avec le coeur. La Fête, les rencontres… J’ai donné ma vie !”.

Et c’est tellement vrai que, des traditionnelles fêtes du 16-Août jusqu’au rifles non moins traditionnelles des fêtes de Noël et du Nouvel An, il a toujours répondu présent, solidement ancré à la barre pour perpétuer à la moindre occasion le climat qui rend unique l’atmosphère colliourencque. Les valeurs sûres, même lorsque les péripéties peuvent paraître rocambolesques.

C’est également là, ici, et nulle part ailleurs, qu’un Mexicain a rencontré sa belle italienne, que des peintres du monde entier ont débarqué, défilé, aux heures apéritives pour photographier le fameux clocher que nous envie tout l’Univers… Ah, si les murs pouvaient (encore et encore) parler, ne serait-ce que murmurer ces retours de plage débuts de soirées qui n’en finissaient pas, qui ne s’arrêtaient jamais, qui charriaient toutes les eaux de toilette de la Méditerranée portées par des bronzages toulousains et parisiens, tandis que les serveurs des Templiers suivaient un match de l’USAP à la télévision…

Ce samedi 28 janvier 2023, une page va se tourner, à Collioure. Patrick Palacio va faire ses adieux pour partir ailleurs*, tout en restant dans le village : “On ne quitte pas Collioure comme ça. D’ailleurs, on ne quitte jamais Collioure”. C’est tellement vrai. Mais ne comptez surtout pas sur lui pour influencer l’édito du dénigrement, genre “après moi le déluge”, ou encore “rien ne sera plus comme avant”. Patrick Palacio ne mange pas de ces anchois là. Avec lui, c’est plutôt le genre “kilomètre sentimental” mais pas dans le rétroviseur. On avance, on avance ! Comme la campagne de la marque de vêtements NewMan dans les années Quatre-Vingt : “La vie est trop courte pour s’habiller triste” !

Ce jour-là, après-demain, une grande fête est prévue, toutes tendances (musicales) confondues. Ca va swinguer, et en fanfare s’il vous plait ! Il faut, on peut, s’attendre à tout. Et à tou(te)s. Comme à la grande époque d’Ibiza, où les fashion victimes, mecs ou nanas, débarquaient en fluo, portaient des cuissardes vernies et un chapeau à plumes, sans oublier les Polnaref-lunettes pailletées.

Après tout, ce ne serait là qu’un remake des réveillons qui se faufilent chaque année, depuis des lustres, à tous les étages des Templiers, comptoir, salles à manger et terrasses compris… et qui contribuent passionnément à la Légende de Collioure. Nul doute que la plus belle des fêtes sera présente au rendez-vous.

 

L.M.

*Patrick Palacio reprend Le Paco, un restaurant (re)connu et très côté de Collioure. Aziz, qui est entré en même temps que lui aux Templiers, le rejoint dans cette nouvelle aventure colliourencque.