La dernière boulangerie de Prats-de-Mollo-La Preste a définitivement baissé le rideau. Les raisons sont multiples : le manque de repreneurs, des jeunes artisans qui ne veulent pas s’installer dans des villages reculés, des habitudes de consommation qui ont changé… Les fractures territoriales persistent. Nous sommes face à un paradoxe : d’un côté, le nombre global de commerces en France n’a cessé d’augmenter depuis vingt ans, en termes de surfaces, de nombre de magasins et de salariés ; de l’autre, leur répartition territoriale s’est continuellement déséquilibrée, au détriment des zones rurales.

Alors que seulement 25 % des communes de France ne disposaient d’aucun commerce en 1980, cette proportion atteint désormais 60 %. Autrement dit, près des deux tiers de nos communes n’ont plus aucun commerce aujourd’hui. De surcroît, dans une logique de maîtrise de notre empreinte carbone et de nos émissions de gaz à effet de serre, renforcer l’accessibilité et le maillage commercial permet d’éviter des trajets en voiture.

Comment maintenir et développer le commerce de proximité dans nos zones rurales ? L’aménagement du territoire est un élément essentiel des politiques publiques. Il consiste à assurer l’irrigation de notre pays partout, dans les villes et dans les campagnes, afin de renforcer leur attractivité et de faire en sorte que la population s’y installe en cohérence avec un véritable choix de vie. À travers le programme « Petites Villes de demain » ou le dispositif de transmission d’entreprises « Occtav » en zone rurale et de montagne, notamment, la Chambre de Métiers et de l’Artisanat fait oeuvre utile sur cette partie commerciale. Pour autant, elle doit être complétée par l’aménagement sanitaire, sportif, la question des associations, du logement, des mobilités, etc. À cet égard, le dialogue avec les communes et les intercommunalités est incontournable et doit être encouragé. Enfin, il est impératif de poursuivre et d’amplifier le soutien au développement de l’apprentissage pour les activités en tension – boulangers, bouchers -, afin de recréer des filières dynamiques partout et pour tous.

 

Jérôme Montes, Directeur territorial Chambre de Métiers et de l’Artisanat des Pyrénées-Orientales