Depuis – presque – toujours, c’est la coutume : la journée, les bancs publics situés à l’angle de la rue Victor-Hugo et de l’avenue de la Libération, au coeur du village, sont occupés par les retraités issus des vieilles familles d’Argelès-sur-Mer…

Dès le matin, surtout lorsque le soleil vient arroser le décor, les sympathiques “tontons flingueurs” du cru se retrouvent pour de longues et passionnantes discussions.

C’est un peu l’esprit du café-du-commerce en plein air, mélange des jeux du cirque (sauf qu’ici les joutes ne sont que verbales) et des saynètes de boulevard. Un véritable théâtre populaire, à l’échelle de la vie “villageoise”. Les derniers commérages disputent la vedette aux résultats sportifs, ou à la situation politique, selon l’époque, selon l’humeur des uns et l’air du temps charrié par les autres.
Certains causeurs vous y feraient voir la lune en plein midi, entre billevesées et calembredaines, tandis que d’autres éventent la mèche en saisissant l’endroit, ces fameux bancs publics, pour le crier sur les toits… Redoutable, c’est ! Car ici, entre poissonnerie et étal de fruits et légumes, sur le chemin de messe, pas de pétard mouillé, que des paroles d’Evangile (l’Eglise est à deux pas), dans le style : vérité en deçà des Pyrénées, erreur au-delà ! D’ailleurs, les élus et les décideurs de la commune l’ont bien compris, eux qui viennent tester leur célébrité en venant saluer ces “sénateurs” inimitables et incontournables. Leur affectation locale passe par là, inévitablement.

Seulement voilà, depuis quelques mois, pour ne pas dire plusieurs années même, une autre génération d’Argelésiens, plus jeune, beaucoup plus jeune, avait pris l’habitude, la nuit tombée, de prendre la relève in-situ, pour se livrer à quelques trafics illicites… Stupéfiant !
Bref, plus rien à voir avec nos “sénateurs”, c’était clair comme le jour, même si ça se passait la nuit… Mais, du jour au lendemain, tout cela a fini par paraître au grand jour ! La maréchaussée, persuadée qu’il n’y a point de fumée sans feu, a fini par trouver le joint. La came a été prise la main dans le sac et les “dealers” effectivement interpellés en plein usage seront prochainement convoqués au Tribunal Correctionnel de Perpignan… Il était temps, car les riverains commençaient à trouver l’atmosphère un peu trop enfumée et enivrante.