*Par Claude Barate, universitaire, député honoraire

 

Le débat sur le changement climatique fait reposer sur l’homme seul la responsabilité de l’augmentation de la température.

La science permet de rétablir, en partie, la vérité.

 

 

La Terre
Depuis sa création, il y a 4,5 milliards d’années, notre planète a été l’objet de mutations profondes. Au-delà de l’apparition de la vie, il y a 3,8 milliards d’années et de celle des hominidés, il y a sept millions d‘années, notre planète a subi des modifications d’une très grande ampleur.

C’est ainsi que le mouvement des plaques tectoniques a créé des continents, en écartant les terres de la Pangée, vers les 300 millions d’années, provoquant les éruptions volcaniques, les séismes, les tremblements de terre, creusant les failles, élevant les montagnes, séparant et individualisant continents et océans.

C’est ainsi que des mers comme le Sahara se sont transformées en désert, que la Mer Méditerranée s’est remplie en deux ans ainsi que la Mer Noire plus tard.

C’est ainsi encore, que la chutes d’astéroïdes a pu entrainer la disparition des dinosaures, il y a 65 millions d’années, période dans laquelle, ors la présence de l’homme, avec 25° la température moyenne était de 10 degrés supérieurs à la nôtre.

Mais la Terre a aussi un autre partenaire, le Soleil, autour duquel elle tourne, en tournant sur elle-même, et ce rapport a des conséquences climatiques essentielles.

 

 

La Terre et le Soleil
Les mouvements de la terre autour du Soleil, entrainent des changements climatiques : plus la Terre est éloignée du soleil, plus il fait froid, plus elle est proche, plus il fait chaud.

Le physicien serbe Milutin Milankovic (1879-1958) en a apporté la démonstration autour de plusieurs paramètres. Il indique que des cycles décrivent les variations de la Terre autour du Soleil.

– Le premier paramètre résulte du fait que la Terre ne tourne pas en cercle, mais en ellipse autour du Soleil. Lorsqu’elle est plus proche, il fait plus chaud, lorsqu’elle est plus éloignée, il fait plus froid. C’est ce paramètre de l’évolution des ellipses qui explique les variations tous les 100 000 ans : 80 000 ans de glaciations et 20 000 ans de réchauffements.

– Le deuxième paramètre résulte de la variation de l’inclinaison de l’axe de la Terre, ou l’axe des pôles tous les 21 000 ans. Plus cet axe est incliné, plus les différences de températures entre les saisons sont marquées.

– Le troisième paramètre est appelé la précession des équinoxes ? La Terre tourne comme une toupie autour de son axe et cet axe lui-même pivote ; entrainant plus ou moins de chaleur tous les 12 000 ans, pour chaque hémisphère.

Des faits concrets montrent la force et la validité de ces paramètres.

– Dans un autre ouvrage, « le Futur Antérieur », j’avais déjà raconté comment les fouilles de la grotte préhistorique de Tautavel, à coté de Perpignan, sur des centaines de milliers d’années, avaient permis de découvrir qu’environ tous les 100 000 ans, il y avait une période de réchauffement de 20 000 ans, suivie d’une période de glaciation de 80 000 ans. La preuve en était apportée, par les ossements, restes d’animaux tués et consommés sur place et correspondants aux périodes précitées, animaux tropicaux puis polaires.

L’explication de ces périodes de glaciation et de réchauffement m’avait été apportée par un collègue et ami, le Professeur Henri de Lumley, en charge des études sur la grotte et par ailleurs Directeur du Muséum d’Histoire Naturelle de Paris : ce phénomène est fonction des mouvements de la Terre par rapport au Soleil.

D’autres approches scientifiques corroborent les cycles Milankovic.
– Ainsi en est-il des campagnes de carottages glacières, réalisées à partir de 1950 jusqu’à nos jours, au Groenland puis en Antarctique, de plus en plus profondes, qui ont permis de remonter de l’eau ainsi que des bulles d’air prisonnières d’une glace très ancienne. Et l’analyse de ces éléments a permis de reconstituer l’évolution du climat sur plusieurs centaines de milliers d’années : les périodes de glaciation de 80 000 ans et de réchauffement de 20 000 ans y sont retrouvées.

– Apparait également avec les périodes de réchauffement une augmentation sensible du CO2, gaz à effet de serre, qui par nature, s’agissant de périodes très anciennes, n’a rien à voir avec l’activité de l’homme. (à voir tableau de 800 000 ans d’évolution du climat de Jean Jouzel, vice-président du GIEC).

 

 

La Terre, le Soleil et l’homme
Que pèse là-dedans l’activité humaine…

Que peut-on et doit-on enlever par les décarbonisations de l’activité ?

L’impact de la production de CO2 sur le réchauffement :

Dans l’absolu, l’activité carbonée de l’homme ne pèse pas beaucoup en soi, surtout si on compare la masse totale du carbone, qui est dérisoire, avec la masse totale de l’air… !

D’après le suisse Werner Munster, spécialiste des glaciers, l’air de l’atmosphère pèserait 5 millions de milliards de tonnes, face auxquels le CO2 est dérisoire puisqu’il est dans un rapport de 50 m3 de CO2, pour 1 million de m3 d’air.

Et le scientifique d’en conclure, au vu des études sur des centaines de milliers d’années de l’évolution des climats :

– que l’homme n’est pour rien dans le réchauffement climatique,

– que la masse du CO2 produite n’est pas en mesure de modifier les mouvements profonds d’un réchauffement qu’il constate lui-même ; comme il y en a eu autant auparavant.

Pourtant, après avoir commis une erreur, lorsqu’il prétend qu’à dix kilomètres d’altitude, le CO2 serait à une température de -30°, (la température de l’air à dix kilomètres est estimée habituellement à -50°), il en commet une autre, décisive celle-là, lorsqu’il prétend que le CO2 en descendant à -30°, serait incapable de réchauffer une Terre en moyenne à 15 °.

En effet, le CO2 étant plus lourd que l’air ne monte pas.

Dès lors, c’est l’accumulation sur Terre du CO2 qui pose le problème.

Or, il est incontestable que depuis la fin du 19ème siècle, l’activité de l’homme produit du gaz carbonique, par l’industrialisation., l’agriculture intensive, par la mondialisation des échanges et les transports qui en résultent, et par la production d’énergie qui est nécessaire pour supporter l’ensemble.

Et l’augmentation exponentielle des populations sur Terre, ne fait qu’aggraver le problème.
Nous savons désormais que la production de CO2 augmente, en dehors de l’activité humaine, avec les cycles de réchauffement climatique et que cela n’a pas posé, dans le temps, de problème majeur.

Cependant, la production de CO2 n’est pas un poison mais un gaz utile pour la végétation et les océans.

Pour certains scientifiques, il apparaît que la capacité d’absorption des océans est, en réalité, 2 fois plus importante qu’initialement prévu, et celle des prairies broutées pourrait compenser la production de CO2 due à l’élevage.

Pour d’autres, l’augmentation de gaz à effet de serre sur Terre pourrait avoir pour conséquence d’augmenter la puissance de réflexion des rayons de soleil sur la Terre et d’entrainer une augmentation dangereuse de température.

Bref, même s’il apparaît que l’Homme a une part de responsabilité bien moindre que celle que certains idéologues voudraient lui attribuer, il convient, par mesure de précaution d’être raisonnables, et d’aborder les problèmes avec sérieux, sans s’affoler.

Le problème n’est pas l’augmentation de la température de la Terre, elle en a vu d’autres, mais celui de l’adaptation de l’homme à cette augmentation.

Nous sommes en période de réchauffement climatique.

La dernière période de glaciation s’est terminée il y a 11 700 ans et une nouvelle période de glaciation devrait commencer dans quelques milliers d’années.

La difficulté est dans l’adaptation de l’Homme.

Dans la dernière glaciation, il y a 20 000 ans, la calotte glacière de l’hémisphère nord couvrait l’ensemble des pays du nord de l’Europe, le climat de la France étant de type sibérien, et le niveau des mers avait baissé de 120 mètres. Il était possible de rejoindre, à pied, l’actuelle Angleterre en traversant la Manche, ou la Tunisie à partir de l’Italie.

L’adaptation de l’homme, chasseur-cueilleur, était facile, il suffisait de déplacer des huttes et d’aller à la découverte d’autres territoires de de chasse et de cueillette.

On ne déplacerait pas les gratte-ciel de New York ; de même qu’on ne pourrait pas protéger de l’inondation certaines iles du Pacifique en construisant des digues !

Dans le doute sur les capacités d’absorption du CO2 supplémentaire, il faut donc être prudents et essayer de décarboner notre activité.

Dans une période de glaciation, une augmentation due à la production de CO2, n’aurait aucune importance puisque un ou deux degrés de plus produits par l’Homme viendraient en compensation des cinq degrés de baisse de température en période de glaciation
Dans la période de réchauffement actuelle, s’il est vrai qu’elle pourrait ajouter un et deux degrés, aux cinq degrés produits par les cycles de Milankovic, ce serait beaucoup, et cela nous oblige à agir.

Agir avec détermination, mais sans s’affoler, sans être prisonnier d’une idéologie de décroissance alors que le monde a besoin du contraire.

Il y a quelques dizaines d’années, l’angoisse était de fermer un trou dans la couche d’ozone qui nous protège des rayons du soleil.

La suppression de la couche d’ozone devait entrainer des conséquences dramatiques.
Un protocole de Montréal, en 1989, an conduit à la diminution des gaz de Chlorofluocarbure utilisés dans l’industrie.

Aujourd’hui, le trou est rebouché et la couche d’ozone est en voie de reconstitution. Elle s’est reconstituée sans l’aide de personne.

Alors que de nombreux scientifiques se réjouissaient des résultats supposés de la diminution des gaz de caractère industriel en application du protocole de Montréal de 1989, Paul Newman, un scientifique de la NASA a rappelé que « le trou dans la couche d’ozone s’était refermé permettant d’envisager une reconstitution de la couche d’ozone vers 2060. Mais il faut reconnaître que ceci était dû à la hausse des températures stratosphériques plus qu’à la reconstitution de l’ozone atmosphérique ».

La nature est plus forte que l’Homme.

La capacité de l’Homme à s’adapter… Tout au long de l’histoire de l’Humanité, les changements climatiques ont amené l’Homme à s’adapter.

C’est ce qu’il a fait souvent avec succès, voire avec progrès technologique ou civilisationnel. (Voir sur le sujet le livre d’Olivier Postel-Vinay, « Sapiens et le climat, une histoire bien chahutée ».

*Par Claude Barate, universitaire, député honoraire