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Hérault-Tribune.- Dans les ports de plaisance de l’Hérault, les délais d’attente pour obtenir une place de bateau varient fortement : jusqu’à dix ans à La Grande-Motte, contre trois à cinq ans à Mèze, Frontignan ou Sète. Comme la cession de place n’est pas autorisée lors des ventes de bateaux, les ports proposent des alternatives et les plaisanciers développent des stratégies.
(Jeanne Calchera – Rédaction hebdomadaire Hérault-Tribune)
-“C’est à peu près dix ans”, déclare Jo, responsable de la station carburant du port de la Grande Motte (Hérault). A Frontignan, Sète ou Mèze, toujours dans le département de l’Hérault, les délais pour obtenir une place de bateau dans un port avoisinent les trois à cinq ans, selon les autorités locales. “Mais l’attente est très fluctuante”, précise la mairie de Frontignan.
Une attente qui varie selon la taille et le turnover
Plusieurs critères rentrent en compte. “On le fait par ordre d’inscription, mais c’est d’abord la taille du bateau qui importe”, explique Thierry Baëza, maire de Mèze dont le port compte 350 places. La capitainerie de Sète classe les bateaux en dix catégories selon leur longueur. Les emplacements des bateaux de catégories 4 à 8 (c’est-à-dire les bateaux entre 8 et 15 mètres) sont les plus demandées donc l’attente est plus longue.
Julie, plaisancière à Sète, constate : “Plus le bateau est grand, plus la place est chère“. Les gros bateaux, plus coûteux, sont souvent moins concernés par les longues attentes. “Ce sont les bateaux de taille moyenne les plus prisés !“, ajoute la propriétaire d’un voilier d’environ onze mètres.
La mairie de Frontignan confirme cette variation des délais selon la taille du bateau : “L’attente est de six mois à deux ans pour les petits bateaux de moins de cinq mètres car il y a un grand turnover. Pour les plus de cinq mètres, l’attente est de trois à cinq ans“.
Pas de cession de place… sauf à Sète ?
Une place au port ne peut pas se céder lors de la vente d’un bateau et Thierry Baëza l’explique : “Si votre bateau ne vaut pas grand-chose et que vous pouviez revendre votre place, ça vous permettrait de le vendre à un prix intéressant. Mais la place ne vous appartient pas“.
Les plaisanciers s’inscrivent donc sur liste d’attente et renouvèlent chaque année leur demande, au risque d’être radiés. “Tous les ans, il faut penser à resignaler son envie d’avoir une place pour rester sur la liste. Parfois, ils préviennent par un mail, parfois non. Nous, on n’est plus sur celle de La Grande Motte par oubli par exemple“, raconte Julie. Elle continue : “C’est assez opaque. Les listes ne sont pas visibles : ils te donnent un numéro et après plus de nouvelles !“. À Mèze, pour plus de transparence, la liste d’attente est désormais affichée. “Les gens peuvent la consulter, ça permet de ne pas tricher“, affirme le maire, Thierry Baëza.
Le port de Sète fait figure d’exception : “C’est le seul port qui laisse le propriétaire vendre son bateau avec la place au port donc au moins on n’a pas eu à anticiper dix ans à l’avance et cela a motivé notre choix“, expliquent Julie et Gilles, plaisanciers à Sète depuis six ans.
Cette particularité rend plus attractif le port de Sète. Mais il a aussi ses contraintes : les ponts. Il est donc divisé entre les zones du Bassin du Midi, derrière les ponts, accessible uniquement selon leurs horaires d’ouverture, et le Môle Saint-Louis, accessible à toute heure. “Quand un propriétaire vend son bateau, il peut céder un emplacement avec, mais il repart au Bassin du Midi“, explique la capitainerie. Une liste l’attente interne permet ensuite aux plaisanciers de passer du Bassin du Midi au Môle. Julie et Gilles racontent avoir attendus un an et demi sur cette liste interne avant d’obtenir une place au Môle. Et sans la cession d’un anneau, l’attente pour une place est estimée entre quatre et cinq ans par la capitainerie du port de Sète.
Les astuces pour ne pas attendre
Pour contourner les longues listes d’attente, certains se tournent vers les ports à sec. À condition d’avoir un bateau à moteur. Robin, propriétaire d’une embarcation à Palavas-les-Flots, en apprécie les avantages : “C’est super pour l’entretien de la coque. Et il n’y a pas de limites de places, donc pas d’attente”. Même si les démarches pour sortir le bateau sont contraignantes. “Il faut appeler avant. Tu peux le sortir qu’une fois par jour, et pas quand tu veux, c’est selon les horaires des employés“, témoigne Robin. Les tarifs en port à sec sont similaires à ceux des places à quai, soit environ 2 500 euros par an pour un bateau de 7 mètres.
D’autres plaisanciers optent pour des stratégies pour ne pas se retrouver sans places. “Certains vont de ‘places visiteurs’ en ‘places visiteurs’ jusqu’à ce qu’un anneau se libère. D’autres se mettent au mouillage sur l’étang de Thau“, raconte Julie. Le maire de Mèze confirme : “L’été, il y a du mouillage sauvage. C’est problématique car les plaisanciers ne savent pas ce qu’il y a sous l’eau quand ils jettent l’ancre. Alors qu’on est en zone protégée, avec des grandes nacres et des herbiers. Et se pose aussi la question du devenir des eaux noires“.
Des propriétaires de bateaux n’hésitent pas à aller encore plus loin. “Certains vendent leur bateau mais ils restent propriétaire majoritaire pour garder leur place nominative au port, utilisée dans la pratique par le nouvel acheteur“, témoigne Julie, la plaisancière habituée du port de Sète. Une source administrative confirme cette stratégie de copropriété pour contourner la liste d’attente.
“On ne peut pas y remédier du jour au lendemain”
Face à ce constat, compliqué pour les politiques de trouver des solutions. Frontignan a mis en place un projet de restructuration et de modernisation de son port avec l’ajout de 160 places supplémentaires. Mais le travail sera de longue haleine selon Thierry Baëza, maire de Mèze. “Il y a un manque flagrant de places de bateau sur le bassin de Thau mais malheureusement, on ne peut pas y remédier du jour au lendemain.”
(Source : magazine hebdomadaire Hérault-Tribune)
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