Brice Sannac, hôtelier-restaurateur à Banyuls-sur-Mer et Collioure, président départemental de l’Union des Métiers de l’Industrie Hôtelière des Pyrénées-Orientales (l’UMIH66).
Brice Sannac ne laisse pas indifférent. C’est le moins qu’on puisse dire & écrire le concernant. Tant il sait provoquer, par ambition ou par passion, par conviction également, mais toujours dans le respect et dans le but de positiver. A la tête du puissant syndicat professionnel départemental, l’UMIH66*, élu consulaire dans l’équipe du président de la CCI66 Laurent Gauze, ce jeune et fougueux hôtelier-restaurateur est sans aucun doute l’un de ceux qui connaît le mieux et le plus le secteur du tourisme sur le sol et sous le soleil du Roussillon
Que ce soit à Cerbère, Banyuls-sur-Mer, Collioure ou Argelès-sur-Mer, que ce soit en famille ou en activités commerciales, la côte vermeille certes – où il a été biberonné -, n’a plus aucun secret pour lui, mais il est également (re)connu comme le (célèbre) Loup Blanc à Perpignan ou en Cerdagne où il n’hésite pas à grimper, tel le premier de cordée, dès qu’il s’agit de promouvoir, de vanter, et de défendre of course, le territoire, sont territoire dont il est si fier : les Pyrénées-Méditerranée.
Influenceur, accélérateur d’opportunités, agitateur d’idées, peu importe l’étiquette qu’on veut bien lui coller, Brice Sannac a l’oreille des décideurs et décisionnaires du département et d’ailleurs. Son côté parfois provocateur, qu’il assume, voire qu’il revendique pour faire avancer les choses, n’y est pas pour rien. En attendant le prochain bal des critiques chez (in)Temporel, il continue de bousculer les codes, de faire scintiller (quand il ne la réinvente pas) dans les médias nationaux l’excellence d’un cadre environnemental naturel catalan d’exception, qu’il admire et qu’il bénit quotidiennement, et pas uniquement en se rasant !…
-Ouillade.eu : Ã mi-saison de la saison estivale en cours, est-il possible de faire un premier bilan ?
Brice Sannac : “Il faut bien admettre que la première partie a été plutôt décevante, avec une baisse du taux d’occupation dans la plupart des établissements. Il y a eu aussi, sans doute à cause d’un certain contexte national – élections européennes puis législatives, les Jeux Olympiques… -, beaucoup de réservations de dernièreminute qui ont eu forcément un impact sur nos grilles tarifaires. Depuis l’entrée du mois d’août sur la scène estivale, nous avons retrouvé une certaine affluence. C’est mieux. Beaucoup mieux. J’ai beaucoup d’espoir pour la rentrée, pour les mois de septembre et d’octobre, on sent déjà un certain frémissement, je pense à tous ceux qui pendant les JO ont été mobilisés, ont télétravaillé, ceux-là vont pouvoir prendre leurs vacances dès la fin des JO et des Jeux Paralympiques”.
-Ouillade.eu : vous parlez d’un contexte national, ce qui est confirmé puisque dans l’ensemble de l’Hexagone, que ce soit sur la façade atlantique ou sur les côtes méditerranéennes, nous avons tous vu ou entendu des professionnels du tourisme se plaindre d’une chute de 20 à 30% au mois de juillet. Au-delà ce contexte, que préconiseriez-vous pour booster l’activité touristique dans les P-O ?
Brice Sannac : “Nous devons mettre en place à l’échelon national, voire international, une campagne de promotion unique pour l’ensemble du territoire, où nous mettrions en avant tout ce qui fait la force de notre département et qui, surtout, fait rêver les gens : la lumière naturelle de notre territoire, ses couleurs, son ciel bleu, son ensoleillement, ses plages, ses grands espaces. Nous ne manquons pas d’atouts et c’est pour ces atouts justement que les gens viennent. C’est l’endroit où les Pyrénées rencontrent la Méditerranée ! C’est ici, chez nous, et nulle part ailleurs.
Nous denons dès la rentrée “plancher” sur le sujet, nous entourer d’une agence pour mettre en avant nos richesses, notre attractivité. C’est un investissement, certes, mais c’est un investissement pour la 1re économie du territoire, ce n’est pas une dépense. C’est un investissement transversal qui insuffle sur l’Agriculture, le Bâtiment. Offices de tourisme, Région, Département, collectivités locales et territoriales, professionnels, tout le monde doit se retrouver, s’asseoir à la même table, pour agir dans le même sens et impulser un nouveau moment. Que ce soit à la CCI ou à l’UMIH nous sommes prêts pour élaborer un outil touristique, un outil d’attractivité et de promotion du territoire. Arrêtons de penser chacun de notre côté. Sortons de nos chapelles pour bâtir une cathédrale, pour aller au bout du défi !”.
-Ouillade.eu : on parle beaucoup de “surtourisme” actuellement, que ce soit à Barcelone, en Grèce, en Italie ou sur la Côte d’Azur. Le Roussillon est-il aussi sous la menace d’un “surtourisme” ?
Brice Sannac : “Très sincèrement, dans les P-O le “surtourisme” ça n’existe pas. Quel que soit le village, la station balnéaire, chez nous ce que certains appellent “le sutourisme” c’est plutôt la conséquence d’un manque d’anticipation, d’information, consernant essentiellement la gestion du flux, des mobilités. Quand un touriste doit tourner pendant deux heures pour trouver une place de parking, c’est un échec. Car alors on fait des mécontents, des personnes qui ne reviendront plus ou qui parleront de notre territoire en mal. Comme dans toute activité, il y a des plus et des moins. C’est le rapport final entre avantages et inconvénients qui compte.
Mais cela ne veux pas dire que je sois indifférent au regard de ce qui se passe à Barcelone. Cela m’inquiète aussi. Tout doit se faire avec l’adhésion des populations. Il faut se battre pour ne surtout pas avoir un rejet du tourisme comme à Barcelone.
Nous devons sanctuariser certains secteurs, dans nos bourgs-centres, mais pour cela nous devons trouver des moyens alternatifs, faciliter de nouvelles mobilités sur le territoire. Je le répète, chez nous, dans les Pyrénées-Méditerranée nous ne sommes pas dans le “surtourisme”, nous sommes dans une mauvaise gestion des foules.
On n’est pas une côte invivable, mais c’est hélas l’image qui transparait parfois.
Je suis pour mettre en place un baromètre de circulation, avec des outils sur des applications. Lorsqu’on informe le client, le touriste, et qu’on anticipe le problème, il n’y a jamais de problème, c’est quand on le met devant le fait accompli qu’il se sent alors piégé”.
-Ouillade.eu : quelle est la phrase qui vous décontenance le plus ?
Brice Sannac : “Quant un touriste me dit, parlant de notre territoire : “On ne savait pas que c’était aussi beau !”. Cela m’énerve, car il dit vrai ; nous avons une pépite entre nos mains, sous nos yeux, encore faut-il le faire savoir, il faut le montrer. Nous devons vendre aujourd’hui une destination, quand le touriste vient on ne doit pas lui imposer mais nous devons lui suggérer un parcours, des itinéraires, des découvertes, afin qu’il vive son séjour à la carte”.
-Ouillade.eu : et la réaction qui vous fait plaisir dans votre secteur d’activité ?
Brice Sannac : “Waouh ! Quand les gens disent “Waouh, vous avez fait une sacrée montée en gamme !”. Que ce soit dans l’hôtelellerie, la restauration… et l’aménagement des coeurs de villages”.
L.M.
*UMIH66 = Union des Métiers de l’Industrie Hôtelière des Pyrénées-Orientales. Brice Sannac, hôtelier-restaurateur, hôtel Les Elmes**** (restaurant La Littorine) à Banyuls-sur-Mer ; Maison Nova à Collioure (hôtel****).