Qu’il est loin le temps des SIVOM et des Districts Urbains des ordonnances du 5 janvier 1959. A des regroupements de communes destinés à mettre en commun services et moyens d’action, on est passé à des intercommunalités qui ont une mission essentielle, aménager les territoires pour en favoriser un développement durable et harmonieux

En effet, et contrairement à ce que peuvent en penser certains, les intercommunalités n’ont pas pour vocation à être une collectivité supplémentaire de soutien des communes, mais une collectivité qui analyse les besoins du territoire, trace une perspective et réalise dans le temps les équipements nécessaires à cet aménagement.
Bref, l’intercommunalité a pour mission de réaliser à l’échelle du territoire concerné les infrastructures et équipements nécessaires au développement du territoire et qui sont hors de portée de chacune des communes. Les communes gardent l’administration de contact et la gestion des équipements communaux.
Mais les intercommunalités devraient avoir un rôle encore plus important à réaliser : se regroupant à l’échelle d’un département, il devrait leur incomber de mettre en place un plan d’aménagement du territoire et de développement durable, auquel peut être associé le Conseil départemental s’il le désire.
Une démarche de ce type devrait permettre une meilleure discussion avec l’Etat et La Région, à l’occasion de la mise en place de contrats de plan : il vaut mieux discuter sur des propositions venant de la base que rechercher à s’adapter sur celles venant d’en haut.
A titre d’exemple et concernant notre département des Pyrénées Méditerranée, il s’agirait de mettre en place un schéma d’aménagement sur les vingt ans à venir, négocié par le groupement des intercommunalités comprenant la communauté urbaine de Perpignan Méditerranée et chaque communauté de communes auquel pourrait être associé le Département ; le but étant de définir une armature urbaine départementale en dotant chaque commune des moyens et équipements nécessaires aux missions définies par le schéma.
Il ne m’appartient pas de définir dans le cadre de cet article les orientations qui pourraient être choisies mais à titre d’exemple il n’est pas inutile de tracer quelques perspectives de réflexion.

D’abord sur le rôle moteur de la métropole Perpignan Méditerranée dans une économie désormais technologique et de services. Elle doit devenir un pôle d’attraction très fort, en même temps qu’un moteur de développement : recherche, formation, nouvelles technologies, plates formes économiques, culture, équipements sanitaires et sportifs, etc.
Perpignan et sa métropole doivent devenir le troisième pôle de l’Occitanie, après Toulouse et Montpellier, marche de la France à la frontière espagnole et catalane.
La puissance de Perpignan Métropole doit conduire à irriguer l’ensemble du département par des liaisons et des transports rapides.

Ensuite au plan départemental,
Mobilité fonctionnelle : forte amélioration du réseau routier, réactivation du réseau « train-rail », mobilité vers l’extérieur (TGV, Aéroport), mais aussi déplacements doux…. Mobilité dans le travail (fibre optique, 5G)
Le schéma devrait orienter vers une mise en valeur des patrimoines (art roman, espaces naturels, patrimoine linguistique, des produits ou culinaire…).
Il devrait répondre également à une politique cohérente de santé : à côté des maisons de service publics, des maisons de santé en collaboration avec chaque intercommunalité et le secteur sanitaire privé : maintien à domicile des personnes âgées, EPHAD proches des populations. Ou encore développement du potentiel de thermalisme et de remise en forme.
La culture en soutien du développement en orientant les équipements et les actions pour la mise en valeur de notre identité méditerranéenne et catalane. Mais aussi la créativité autour de l’artisanat d’art, une villa Médicis au château royal de Collioure pour attirer des peintres du monde entier ou la recherche d’une identité architecturale départementale…
De même pour le sport, dont les équipements devraient être inclus dans ce schéma départemental dont l’objectif serait de les faire financer dès qu’ils sont d’intérêt intercommunal.
Enfin pourraient être inclus dans ce schéma, les éléments écologiques de l’aménagement : un territoire plus attractif grâce à une identité affirmée, un lien social ancré dans l’intercommunalité, préservation de l’eau, transition agroécologique, bio diversité, gestion du littoral, déchets à utiliser…

Pourquoi faire cela, pourquoi fixer un cap et s’y tenir ? Parce que notre département ne peut plus attendre. Toutes les enquêtes le montrent, l’activité est faible et les revenus sont en conséquence modestes. Et pourtant ce territoire bordé par la mer et la montagne, caressé par le soleil du midi, placé sur un axe de communication important Nord-Sud, doté d’un aéroport, d’un port, d’un important réseau ferroviaire, d’une Université, de services sanitaires et culturels de bon niveau dispose déjà de nombreux atouts. Mais les efforts ne sont pas suffisants. Ils sont trop dispersés et ne vont pas à l’essentiel.
C’est pour cela qu’il faut concentrer les moyens sur un schéma départemental d’aménagement qui apporte à chacun les conditions de vie agréables, au travers d’une armature urbaine par laquelle les villes et villages apportent à leurs habitants les équipements et services dont ils ont besoin. Et ce schéma ne peut pas résulter de l’addition des désidératas de chaque commune, c’est pourquoi l’analyse doit être faite au niveau des intercommunalités.
Un aménagement du territoire harmonieux, une armature urbaine pour le supporter et une politique de développement économique en recherche de valeur ajoutée pour une augmentation des revenus. Quelle intercommunalité prend l’initiative ?…

 

*Claude Barate Universitaire, ancien député des P-O