« L’Indépendant » du lundi 14 novembre publie les résultats d’une enquête nationale concernant « l’Indice de Position Sociale » (IPS) des établissements scolaires du département comparé à celui de la France

Cette étude fait apparaitre, sans surprise, un IPS bas pour les établissements d’un département en manque de croissance économique et qui doit, impérativement, rechercher la valeur ajoutée pour augmenter des revenus trop bas.
Cette étude fait apparaitre également que l’IPS des établissements privés est supérieur à celui des établissements public.
C’est sur ce constat, que deux représentants du syndicat UNSA déclarent, à propos de l’enseignement privé : « In fine, c’est la raison essentielle de son existence….on sépare les enfants en fonction du revenu de leurs parents …Le séparatisme scolaire est une menace pour la réussite scolaire, la laïcité et le pacte républicain … ».
Comme je ne peux pas croire à des propos malveillants à l’égard de l’enseignement privé, j’en conclus, à une erreur d’analyse des syndicalistes qui confondent la cause avec les effets.
Si le niveau d’IPS est plus élevé dans l’enseignement privé, c’est parce que ce dernier coûte plus cher aux familles que l’enseignement public et ce n’est pas pour séparer les enfants, mais parce que dans le privé l’Etat laisse à la charge des familles beaucoup de choses.
En effet, si dans le privé sous contrat avec l’Etat ; c’est ce dernier qui prend à sa charge le personnel enseignant, tout le reste est à la charge des familles (investissement, entretien, personnel administratif et financier, vie scolaire, cantines, etc.) alors que dans le public tous ces postes sont pris en charge par l’Etat ou par les collectivités locales, directement ou sous forme de subventions.
C’est pourquoi un enfant dans le privé coûte moins cher à l’Etat qu’un enfant dans le public.
Ce qui est regrettable c’est que toutes les familles ne puissent pas se payer l’enseignement privé ce qui serait possible si les charges financières que paient les familles étaient prises en charge par la puissance publique…..
Par contre, j’apprécie la proposition des mêmes syndicalistes qui souhaitent promouvoir un système de répartition des enfants comme à Toulouse où les enfants des quartiers en difficulté sont répartis dans les autres classes de la ville, favorisant un système de mixité sociale.
Cette atteinte au sacro-saint principe de la sectorisation géographique est la solution vers laquelle il faut aller.
A la condition essentielle que le nombre d’enfants à insérer dans chaque classe soit peu élevé. On peut insérer 10% dans 90% mais pas le contraire.
Le principe est le même que pour l’immigration, on ne peut intégrer puis assimiler qu’un petit nombre à la fois.
Pour le reste, je ne puis conseiller aux syndicats que de s’attaquer à une organisation de l’éducation nationale qui donne de mauvais résultats scolaires avec un budget très élevé (la France est dans le peloton de tête de l’OCDE pour les dépenses par tête d’élève) alors même que les enseignants sont très mal payés (et pourtant c’est le poste de dépenses du ministère le plus élevé).
Le problème de l’éducation nationale est ailleurs que dans un conflit entre le public et le privé.

 

Claude Barate
Universitaire, député honoraire